Ce que l'on sait des accusations de viols et d'agressions sexuelles visant Gérard Miller

Mardi soir à Paris, une femme a déposé une plainte pour viol visant le psychanalyste. En quelques semaines, des dizaines de femmes ont témoigné, accusant le thérapeute et chroniqueur de violences sexuelles.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 7 min
Le psychanalyste Gérard Miller au Festival de Cannes (Alpes-Maritimes), le 20 mai 2019. (FRED DUGIT / MAXPPP)

Les accusations visant le psychanalyste Gérard Miller se multiplient, depuis de premières révélations du magazine Elle à son sujet, fin janvier. Mardi 20 février dans la soirée, une femme âgée de 39 ans a porté plainte pour viol, visant l'auteur et chroniqueur, a appris franceinfo auprès de l'avocate de la plaignante, confirmant une information du Parisien.

Il s'agit de la troisième plainte déposée contre Gérard Miller en l'espace de quelques semaines. Contacté par franceinfo, le célèbre psychanalyste de 75 ans, professeur et engagé auprès de La France insoumise (LFI), ne commente pas cette nouvelle plainte le visant, renvoyant à ses déclarations précédentes après les révélations du magazine Elle et de Mediapart

Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait des accusations le visant, alors que des dizaines de femmes ont désormais témoigné contre le thérapeute

De premières accusations de viol et d'agressions sexuelles 

Fin janvier, le magazine Elle publie une première enquête au sujet de Gérard Miller. L'hebdomadaire féminin a recueilli le témoignage d'une femme accusant le psychanalyste de viol en 2004, lorsqu'elle était âgée de 19 ans. Elle raconte avoir rencontré le chroniqueur sur le plateau de l'émission "On a tout essayé" de France 2, avec une amie. Selon son récit, Gérard Miller, alors âgé de 55 ans, les a invitées à le rejoindre à un spectacle, puis leur a proposé un verre à son domicile. Le psychanalyste, d'après elle, a ensuite suggéré un jeu d'hypnose. C'est dans ce cadre-là que cette femme affirme avoir été agressée sexuellement, puis violée. Son amie part, mais elle est "sidérée", comme elle le décrit auprès du magazine : "C'est comme un piège qui se referme sur moi. Je ne peux plus bouger, je suis un corps mort qui tremble." 

Dans cette enquête, deux autres femmes assurent avoir subi une agression sexuelle. Elle rapporte le récit de la journaliste et metteuse en scène Muriel Cousin, qui affirme avoir subi des attouchements lors d'une séance d'hypnose en 1990, alors qu'elle avait 23 ans. Une femme, qui travaillait comme baby-sitter pour un enfant du psychanalyste, l'accuse de lui avoir touché la poitrine et d'avoir essayé de l'embrasser alors qu'il la raccompagnait en voiture. Les faits ont eu lieu en 1993, d'après son récit. Elle avait alors 19 ans. Le magazine raconte aussi comment Gérard Miller proposait des séances d'hypnose à de jeunes actrices à la fin des années 1990, quand il était scénariste. Selon les informations de l'hebdomadaire, l'une d'entre elles l'accuse d'agression sexuelle. 

Contacté par Elle, Gérard Miller affirme "n’avoir jamais abusé sexuellement de quiconque, et ce en aucune circonstance". "Si quelque chose leur a déplu lorsqu'elles étaient avec moi, je n'ai aucune hésitation à l'affirmer : rien de ce que j'ai perçu ne m'indiquait qu'elles voulaient mettre un terme à la situation, car sinon à l'instant même j'y aurais mis un terme", assure-t-il dans une lettre publiée sur X. Le psychanalyste assure n'avoir jamais pratiqué l'hypnose à son cabinet ou à son domicile. Ce qui se déroulait dans un cadre privé relevait de "tests élémentaires" et "celui ou celle qui acceptait de s'y livrer n'était absolument pas hypnotisé, il restait parfaitement conscient, en totale possession de ses moyens", affirme-t-il.

Une accumulation de témoignages et une première plainte

Le 6 février, une semaine après ces premières révélations, Mediapart révèle 10 nouveaux témoignages de femmes accusant Gérard Miller, dont trois qui étaient mineures à l'époque des faits. Elles affirment que le psychanalyste les a agressées sexuellement ou a eu un comportement inapproprié avec elles, sur une période s'étalant de 1995 à 2016. Selon leurs témoignages, l'universitaire et réalisateur abordait des adolescentes et jeunes femmes qui assistaient aux émissions dans lesquelles il était chroniqueur, où en marge de ses cours à l'université Paris 8. D'après ces récits, Gérard Miller proposait ensuite un rendez-vous chez lui, leur servait de l'alcool et pouvait les inviter à tester des "expériences d'hypnose", "de détente"

Dans cet article, Mediapart rapporte qu'une femme a adressé un signalement au parquet de Paris au sujet du chroniqueur, et qu'elle souhaite porter plainte. La plaignante, qui témoigne auprès du site d'investigation, évoque des faits qui ont eu lieu en 1995, d'après son récit. Elle avait alors 21 ans et Gérard Miller, 47. Selon le témoignage de cette femme, étudiante du psychanalyste à Paris 8, ce dernier lui aurait proposé un verre à l'issue d'un cours. La jeune femme accepte, et d'après elle, son professeur l'a "embrassée par surprise" puis n'a pas insisté quand elle lui a "dit que ce n'était pas possible". En revenant sur le déroulé de cette soirée, elle évoque des conversations "passionnantes" avec le spécialiste, qu'elle accepte de revoir plusieurs fois. La jeune femme le contacte plus tard alors qu'elle vit un épisode de dépression, afin de lui demander de l'aide. Gérard Miller lui propose alors de venir chez lui, ce qu'elle accepte. "Il a ouvert une bouteille de champagne. Il n'en a pas bu une goutte, j'ai bu toute la bouteille. Après, je ne me souviens plus du déroulement, jusqu'à me trouver dans son lit avec lui au-dessus de moi, le sexe en érection avec un préservatif, en train de se branler", affirme-t-elle dans son signalement au parquet, cité par Mediapart.

Le site révèle d'autres témoignages accusant Gérard Miller d'agressions sexuelles, tout comme le magazine Elle, le 8 février. Après la parution de sa première enquête concernant le psychanalyste, l'hebdomadaire rapporte avoir reçu les témoignages de 41 femmes. "'J'avais l'impression de lire mon histoire', nous ont-elles expliqué, l'une après l'autre", souligne le magazine. Elle a pu longuement s'entretenir avec 30 de ces femmes, dont 18 accusent Gérard Miller de viols et d'agressions sexuelles, de 1993 à 2020. Les autres femmes font état de tentatives de la part du mis en cause. 

Une deuxième plainte et plusieurs signalements à la justice 

Une semaine plus tard, vendredi 16 février, Elle rapporte qu'une deuxième femme a porté plainte contre Gérard Miller, pour agression sexuelle. Ces faits ne sont pas prescrits, selon des propos de la police rapportés par la plaignante. Celle-ci était âgée de 15 ans à l'époque des faits. Lycéenne, elle est invitée à participer à l'enregistrement de l'émission "On a tout essayé", et elle aussi est approchée par le chroniqueur, d'après son témoignage recueilli par l'hebdomadaire. Gérard Miller lui a alors proposé d'aller voir un spectacle, puis de déjeuner ensemble. Les parents de l'adolescente sont informés et elle relate s'être sentie "en sécurité". "A l'époque, j'étais en thérapie, tout ce qui touchait à la psychanalyse m'intéressait." A son arrivée au domicile du psychanalyste, ce dernier lui propose un thé glacé. "A partir de là, c'est le trou noir", assure la plaignante auprès de Elle. "Quand je me réveille, je suis allongée dans un lit à l'étage, sur le ventre, en culotte, le pantalon baissé sur mes chevilles. Il me masse le dos, les fesses, et aussi les seins en passant ses mains sous mon torse." L'adolescente raconte avoir ensuite réussi à partir. 

En parallèle de cette nouvelle plainte, la justice reçoit les signalements de trois autres femmes, révèle Mediapart, qui ajoute qu'une quatrième femme a été auditionnée. Certaines décrivent à leur tour des agressions sexuelles, une autre une attitude de "forceur".

Une troisième plainte, cette fois pour viol 

La femme qui a porté plainte mardi a déposé une plainte contre X auprès du procureur de la République de Paris. Elle dénonce des faits qui se sont produits en 2001, alors qu'elle n'avait que 17 ans, selon son récit. Dans sa plainte, consultée par franceinfo, celle qui était élève en terminale à l'époque affirme avoir été "contrainte de pratiquer une masturbation et une fellation sur Gérard Miller", au domicile de ce dernier.

Aujourd'hui psychologue, cette femme raconte avoir contacté le psychanalyste avec une amie car elle se "destinait à des études de psychologie et de psychanalyse". Après deux entretiens, elle a été invitée seule au domicile de Gérard Miller, après un brunch. C'est à ce moment-là que les faits se seraient déroulés, selon son témoignage.  

La plaignante a porté plainte contre X, car selon son avocate Marie-Paule Pioli, elle aurait pu être droguée à l'époque des faits. "S'il y a eu soumission chimique, on ne sait ni par qui ni comment. Il faut ouvrir les possibilités de saisines du parquet", a précisé l'avocate sur franceinfo. 

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