Le psychanalyste Gérard Miller accusé de viols ou d'agressions sexuelles par 18 autres femmes
Les témoignages contre Gérard Miller s'accumulent. Le psychanalyste et chroniqueur de télévision a été ciblé fin janvier par des accusations d'agressions sexuelles et de viol par trois femmes, notamment lors de séances d'hypnose, dans le magazine Elle. Dix autres, dont trois mineures, l'ont mis en cause dans un article de Mediapart, mardi. Une seconde enquête du magazine Elle, publiée jeudi 8 février, fait part de 41 nouveaux témoignages. Trois d'entre elles l'accusent de viols et 15 d'agressions sexuelles lors d'événements qui se seraient déroulés entre 1993 et 2020.
Les victimes évoquent un même mode opératoire, "celui d'un homme de l'âge de leur père abordant de toutes jeunes filles, assises dans le public de ses émissions ou évoluant dans son entourage personnel", écrit le magazine. Gérard Miller leur aurait donné rendez-vous, le plus souvent, dans son domicile parisien pour une séance d'hypnose.
"Quand je me réveille, je suis allongée dans un lit"
Charlotte, 15 ans à l'époque, raconte que tout a commencé alors qu'elle assistait à l'émission "On a tout essayé", animée par Laurent Ruquier. Repérée dans le public par le chroniqueur, elle est invitée à son domicile quelques jours plus tard. Après la dégustation d'un soda, "c'est le trou noir", affirme-t-elle. "Quand je me réveille, je suis allongée dans un lit à l'étage, sur le ventre, en culotte, le pantalon baissé sur mes chevilles. Il me masse le dos, les fesses, et aussi les seins en passant ses mains sur mon torse. Je suis dans le gaz, j'ai très peur, il me dit : 'Détends-toi, tu es hyper crispée'.".
Une autre victime, Ariane*, alors âgée 17 ans, raconte qu'après un déjeuner partagé avec Laurent Ruquier et Gérard Miller, 53 ans à l'époque, ce dernier l'aurait invitée chez lui. Elle se souvient s'être réveillée avec le chroniqueur allongé sur elle. "Il m'a demandé si j'avais déjà couché avec un garçon. J'ai dit 'non'. Il m'a répondu : 'Je ne serai pas ton premier, mais on peut faire d'autres choses.'" Elle accuse le psychanalyste de l'avoir forcée à lui faire une fellation.
Il "faisait son marché", affirme une technicienne
Ce comportement était connu de ses collègues. Chroniqueuse de l'émission "On a tout essayé", Isabelle Alonso, toujours proche du psychanalyste, assure qu'"on le chambrait souvent sur sa façon de repérer des jeunes filles dans le public, et d'aller les brancher pendant les pauses". Une technicienne de l'émission abonde en décrivant un homme qui "faisait son marché" et qui, systématiquement, allait discuter avec les "jeunes filles".
Narjes, elle, a 15 ans en 1993 quand elle croise Gérard Miller sur son lieu de vacances en Tunisie. "[Il] était l'attraction du village, il parlait à tous les jeunes, tutoyait tout le monde", relate-t-elle. Lors d'une ultime séance d'hypnose, Narjes, qui a noué une relation de vacances avec le beau-fils du psychanalyste, se souvient de sa lutte pour rester éveillée. "
"Alors que j'étais totalement ailleurs, j'ai senti qu'il enlevait mon jean et ma culotte, puis qu'il mettait ses doigts à l'intérieur de moi. Il s'acharnait, j'avais mal. A la fin, je l'ai entendu dire : 'Quand tu te réveilleras, tu ne te souviendras plus de rien.'"
Narjes, jeune femme qui met en cause Gérard Millerau magazine "Elle"
Dans un premier temps, Gérard Miller, 75 ans, a répondu au magazine par mail qu'il lui était "impossible, compte tenu notamment de la brièveté du délai accordé et de l'absence de précision des récits évoqués, de répondre à de telles accusations dans des conditions dignes et respectueuses de la parole et des droits de chacune et chacun". Le psychanalyste a ensuite réagi sur le réseau social X. S'il reconnaît avoir eu "tout au long de [sa] vie un grand nombre de rencontres, attractions ou aventures", il récuse "de la façon la plus catégorique qui soit toute agression sexuelle et, à plus forte raison, tout viol" et affirme s'être assuré "du consentement des femmes" fréquentées.
Il concède cependant qu'il est évident pour lui aujourd'hui, "mais pas à l'époque, qu'il avait pu parfois y avoir entre des femmes plus jeunes et [lui], compte tenu de [s]on statut d'homme de pouvoir', une dissymétrie" qui lui "semblerait à présent rédhibitoire".
∗ Le prénom a été modifié
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.