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Grève sur les retraites : la guerre des chiffres est lancée

Les premiers cortèges de manifestants opposés à l'allongement de la durée de cotisation retraites ont défilé ce matin dans plusieurs villes de France. Et la bataille des chiffres fait déjà rage entre les organisateurs et les forces de l'ordre. Les estimations varient du simple au triple.
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C'est tout l'enjeu de cette journée. Combien de manifestants opposés à l'allongement de la durée de cotisation retraite à 41 ans vont défiler dans les rues. Le but : pousser le gouvernement à amender son projet. “En dessous de 500.000, ce serait décevant”, déclarait le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, ce matin. Le gouvernement espère un flop. Et au vu des premières estimations, chacun peut se croire satisfait.

Au départ du cortège parisien en début d'après-midi, Jean-Claude Mailly toujours, comptabilisait déjà 170.000 manifestants sur 15 départements. “Il y a beaucoup de monde, même si ce n'est pas un raz-de-marée. Cette journée n'est pas un coup d'épée dans l'eau, il y a une accumulation de mécontentements, il faut voir la dynamique qui est en train de s'enclencher”, a commenté Alain Olive, de l'UNSA.

“Il faut que le gouvernement accepte de vraies négociations avec les syndicats. Sur la base du succès d'aujourd'hui, si le gouvernement ne change pas d'opinion, cette journée appellera des suites”, prévient déjà Bernard Thibault, de la CGT. Mais le gouvernement reste droit dans ses bottes. Pas question de négocier sur l'allongement des cotisations, acté en 2003, martèle le premier ministre François Fillon.

Dans un contexte de mise en place du service minimum, où l'ampleur de la mobilisation ne peut plus se jauger à l'aune des perturbations, la bataille des chiffres prend un tout autre poids. Et depuis ce matin, elle fait rage. Les forces de l'ordre et les organisateurs ne voient pas les manifestations avec les mêmes lunettes.

Police : 8.200 manifestants, organisateurs : 60.000
C'est à Marseille que la distortion est la plus grande. Les forces de l'ordre comptent 8.200 manifestants tandis que les syndicats en dénombrent 60.000. En tête de cortège, les agents du port autonome qui protestent contre la privatisation, votée hier par le Sénat.

A Paris, la police a compté 28.000 manifestants, les syndicats 70.000.

La mobilisation a été importante à Toulouse également, avec 14.000 (police) à 25.000 (syndicats) manifestants.
A Grenoble, on passe de 8.000 à 30.000 manifestants selon que la calculatrice est policière ou syndicale.
A Bordeaux, la police a vu 8.000 manifestants, tandis que les organisateurs en comptent plus du triple : 25.000. Même différence au Havre ou à Caen. A Rouen, c'est le double (7.500 contre 15.000). A Lyon, la manifestation a rassemblé 8.500 (police) à 12.000 personnes (syndicats).

Dans la région Centre, les cortèges ont rassemblé 3.000 manifestants (police) et 10.000 (syndicats) à Tours, 7.000 selon les organisateurs à
Orléans.

Selon les estimations disponibles à cette heure, sur 14 villes, la police a compté environ 122.000 manifestants et les syndicats 342.000. Mais la CGT avance la chiffre de 700.000 dans 153 villes.

En 2003, les premiers défilés unitaires contre la réforme Fillon avaient
réuni entre 250.000 et 500.000 manifestants en février pour culminer en mai à deux millions de manifestants.

58% à 60% des Français soutiennent cette journée d'action selon des sondages Viavoice et CSA publiés jeudi dans Libération et L'Humanité.

Grégoire Lecalot, avec agences

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