"Il a posé son couteau et s'est roulé une cigarette" : le père d'une femme poignardée par son compagnon veut alerter sur les féminicides
Mickael Valarcher est jugé en appel à Montpellier (Hérault) pour avoir poignardé et égorgé sa compagne Marine, le 16 août 2014. Un second procès que le père de Marine espère transformer en tribune contre les féminicides.
"Il lui a donné 18 coups de couteau" : le père de Marine devra, une nouvelle fois, affronter le regard du meurtrier de sa fille. Le 16 août 2014, la jeune femme de 28 ans est morte poignardée par son ex-compagnon.
Mickael Valarcher, âgé aujourd'hui de 38 ans, a été condamné en mai 2017 à 24 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de l'Aude. Depuis, il a fait appel du jugement, et se présentera à nouveau dans le box des accusés de la Cour d'appel de l'Hérault, à Montpellier, du lundi 16 au mercredi 18 décembre.
"J'ai fait ce que j'avais à faire"
Ce soir d'août 2014, après sept ans de relation, Marine décide d'annoncer à son compagnon de l'époque qu'elle le quitte. Il ne la laissera jamais partir : "Ça s’est passé vers 20h, elle est rentrée à la maison", raconte son père Daniel. "Ses amis sont repartis en disant ‘fais quand même attention’, parce qu’ils sentaient la violence. La tension est montée", continue-t-il. Au moment où Marine a voulu fuir, il a sorti un couteau : "Elle a réussi à sortir par le garage, et il l’a poignardée, lui a donné 18 coups de couteau."
Elle était à moitié à terre, à genoux, et le dernier coup de couteau, il l’a prise par les cheveux et il l’a égorgée.
Daniel, le père de Marineà franceinfo
Daniel confie qu'elle agonisait sous les yeux de son meurtrier. "Il a posé son couteau, il s’est roulé une cigarette, et a appelé la mère de Marine en disant ‘voilà, j’ai fait ce que j’avais à faire’. Il a fumé sa cigarette en attendant les gendarmes", ajoute Daniel.
Des alertes à ne pas minimiser
Un drame que personne n'avait vu venir dans la famille de Marine. "C'était une autre époque", dit Daniel, où l'on ne parlait presque pas des violences conjugales. Aujourd'hui, il aurait su détecter les signes de violence. "C’est comme un puzzle. On en parle un peu avec tout le monde, et on apprend que ‘tiens, il m’avait tapé sur le bras, il avait été violent avec moi à tel moment’", explique-t-il. Selon lui, "tous ces petits signaux" mis bout à bout l'aurait alerté du danger. "Je pense que maintenant, en étant au courant, on aurait pu se dire : son attitude fait que oui, il était dangereux, et Marine, elle se sentait en danger", affirme le père.
Des alertes qui paraissent évidentes à Daniel aujourd'hui, alors il veut désormais faire passer le message, notamment auprès des jeunes. "Discuter avec eux, savoir comment ils ressentent la vie de couple, la vie entre les hommes et les femmes... Quels sont les signes qui peuvent alerter sur quelque chose ? Que ces jeunes puissent s’exprimer, avoir des relations saines entre les hommes et les femmes et surtout pouvoir se parler", raconte Daniel.
Son combat, ce prof de sport a d'abord envie de le mener dans les écoles. Depuis la mort de sa fille, il n'a jamais réussi à retourner au travail.
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