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Après la tentative de suicide du docteur Bonnemaison, ses proches crient leur colère

Ils estiment notamment que le procès en appel devant la Cour d'assise d'Angers, a été très éprouvant pour l'ex-urgentiste. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ancien urgentiste Nicolas Bonnemaison, entouré de son épouse et de son avocat, à Angers, le 24 octobre 2015.  (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

"Nous sommes tristes, bouleversés, mais aussi très en colère". Au lendemain de la tentative de suicide du docteur Nicolas Bonnemaison, samedi 31 octobre, ses proches et ses soutiens font part de leurs sentiments. Le médecin, lui, est toujours entre la vie et la mort, au CHU de Bordeaux (Gironde).

Condamné en appel à deux ans de prison avec sursis par la Cour d'assises d'Angers (Maine-et-Loire), pour avoir, en avril 2011, délibérément donné la mort à une patiente de 86 ans dans le coma après un accident vasculaire cérébral hémorragique, l'ex-urgentiste "est victime d'une organisation hospitalière défaillante, d'une loi hypocrite, d'un acharnement judiciaire des milieux les plus conservateurs, et d'un aveuglement indigne de nos institutions", a déploré le personnel de l'hôpital de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) où il officiait, avant sa radiation de l'Ordre des médecins.


Ses anciens collègues, cités par France 3 Aquitaine, soutiennent Nicolas Bonnemaison, mais comme tous ses proches, ils sont amers. 

"Je suis effondré mais pas surpris"

"Je suis effondré, mais pas surpris", a déclaré samedi à l'AFP un témoin au procès d'Angers, le Dr Frédéric Chaussoy, lui même poursuivi en 2003 dans un cas d'euthanasie célèbre [celui du jeune handicapé Vincent Humbert], où il avait obtenu un non-lieu. "C'est gravissime, il paye l'acharnement judiciaire. Il paye lourd. J'espère que certains et certaines pourront encore se regarder dans la glace", a-t-il ajouté.

Jeudi, les deux hommes se sont parlé au téléphone. Le docteur Bonnemaison lui avait confié qu'il comptait écrire un livre, comme lui-même l'avait fait. Le même jour, il a également discuté à Patricia Dhooge, l'épouse d'un homme qui figurait parmi les sept cas d'euthanasie présumée examinés par la Justice. " Il m'a dit qu'il a très mal vécu ce second procès, qu'il a souffert des rumeurs sur son compte. Le témoignage contre lui des gens de l'hôpital lui ont fait très mal", a-t-elle indiqué à Sud Ouest. "C'est quelqu'un qui a trop encaissé". 

Eprouvé par "un procès à charge"

Son soutien, le docteur Jean-Michel Gouffrant, ne s'est pas non plus dit surpris par ce geste. "Je ne comprends pas que ce ne soit pas arrivé avant. J'étais étonné de voir Nicolas aussi zen au sortir du procès en appel. Car ce fut un procès à charge", s'est-il souvenu, également cité par Sud Ouest.

Dans le comité de soutien de Nicolas Bonnemaison, tous déplorent la tenue du procès en appel, après le non-lieu prononcé à Angers. "Je ne comprends pas pourquoi le parquet a fait appel du jugement de la cour d'assises de Pau. Il était ressorti blanchi des débats", a réagi un autre membre, "abasourdi", toujours dans le quotidien régional.  "Il n'y avait aucun doute sur sa sincérité et son dévouement."

"La médecine, c'était sa vie"

"Pour moi, il souffrait avant tout de ne plus pouvoir exercer", a réagi pour Sud-Ouest le patron d'un café de Bayonne, où l'ex-urgentiste avait ses habitudes. Jean-Paul Larre, du Comité de soutien à Nicolas Bonnemaison, a quant à lui blâmé l'Ordre des médecins, dénonçant leur décision de radier l'ex-urgentiste :  "Il le disait lui-même, la médecine, c'était sa vie."

Selon un membre de son entourage qui s'était entretenu longuement avec lui, Nicolas Bonnemaison était apparu en bon état psychologique ces derniers jours. Toutefois, selon un proche, il avait des soucis financiers, entre les frais de justice et la condamnation d'Angers, au civil, à verser 30 000 euros de dommages et intérêts à la famille de la patiente décédée. 

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