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Des cellules spécialisées dans les hôpitaux pour mieux repérer les enfants victimes de maltraitance

En 2020, plus de 110 000 cas de maltraitance infantile ont été pris en charge par la justice, mais moins de 5% des cas ont été identifiés par le corps médical.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Stive
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'entrée de l'hôpital pédiatrique Armand-Trousseau, à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Sept équipes, composées à chaque fois d'un médecin, d'une infirmière et d'une assistante sociale, sont en cours de déploiement dans des hôpitaux franciliens, mais aussi à Brest et à Grenoble. Le but : mieux identifier les enfants maltraités. Ces cellules pourront accompagner les médecins hospitaliers, mais aussi les généralistes, qui en font la demande en cas de soupçons sur un enfant.

À l'origine de ce projet, il y a la docteur Céline Greco. Cette médecin, spécialiste de la médecine de la douleur et de la médecine palliative à l'hôpital Necker à Paris, a elle-même été victime de maltraitance. Mais ce n'est qu'à ses 14 ans qu'une infirmière scolaire a fini par se rendre compte de la situation. "J'attendais que quelqu'un me tende la main et ça ne venait pas, se souvient-elle. J'ai été hospitalisée deux fois pour des douleurs abdominales chroniques vraiment terribles, j'avais très mal au ventre parce que j'avais peur en fait, j'avais peur de mourir."

"On m'a opérée de l'appendicite, mais personne ne s'est dit à ce moment-là que peut-être il y avait une cause à ces douleurs abdominales."

Céline Greco

à franceinfo

Pour Céline Greco, le problème est le manque de formation du personnel médical. En dix ans d'étude, elle n'a eu, dit-elle, qu'une seule heure de cours sur les maltraitances infantiles. "Il y a des signes très spécifiques, mais cela nécessite une vraie formation, un œil expert qu'on n'a pas du tout, regrette-t-elle. On a du mal à s'imaginer qu'un parent puisse faire du mal à son enfant. C'est limite un tabou archaïque !"

La peur de signaler à tort

Il y aussi la peur de se tromper. La docteur Solène Loschi sera, à partir de cet été, le médecin référent de la future cellule maltraitance de l'hôpital Trousseau, à Paris : "Soit on a peur de signaler à tort et donc de faire du mal à une famille, soit on a peur de passer à côté et donc de ne pas protéger un enfant qui en a besoin."

"Il n'y a jamais de certitudes quand on fait un signalement."

Solène Loschi

à franceinfo

Depuis plusieurs mois, le docteur Loschi accompagne ses collègues de l'hôpital de manière informelle. Ce jour-là, elle est contactée par un médecin en pédiatrie pour un soupçon de maltraitance. "Je t'appelle pour un patient de sept mois qui est arrivé dans le service hier soir, explique le médecin au bout du fil. Elle ne marche pas, elle commence un peu à se déplacer à quatre pattes en rampant. On voulait un peu avoir ton avis sur la situation. Il y a une fracture au niveau d'une jambe et l'autre au niveau d'un bras." Dans ce cas précis, le bébé n'a pas pu se faire ces fractures seul. Le docteur Loschi recommande donc un signalement à la justice.

Ce cas est loin d'être isolé. L'an dernier, le service pédiatrique de l'hôpital Trousseau a signalé une cinquantaine de cas préoccupant, le double par rapport à l'année précédente. Ces équipes sont pour l'instant financées par la récolte des Pièces jaunes, mais le secrétariat d'État à la protection de l'enfance souhaite généraliser l'expérience à tout le territoire d'ici la fin de l'année.

Mieux repérer les maltraitances sur les enfants : reportage de Margaux Stive

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