En France, un SDF sur dix est diplômé de l'enseignement supérieur
Selon une étude de l'Insee, 14% des sans-domicile ont fait des études supérieures et 10% en sont sortis diplômés.
"Le diplôme ne protège pas systématiquement de la précarité", selon les conclusions d'une étude (PDF) de l'Insee et l'Ined, publiée mercredi 28 septembre. Parmi les plus de 140 000 sans-domicile qui vivaient en France en 2012, 14% avaient fait des études supérieures et 10% en étaient sortis diplômés. S'ils constituent une minorité, "leur nombre est loin d'être négligeable", relèvent les chercheurs, qui se sont intéressés à 66 300 adultes sans domicile francophones (dont 55% nés en France et 45% nés à l'étranger).
S'ils connaissent des situations comparables aux SDF non diplômés, les sans-domicile diplômés du supérieur se distinguent par "un rapport à l'emploi un peu plus dynamique, un état de santé jugé (par eux) plus souvent comme 'très bon', une expérience plus tardive de la sans-domiciliation, et un soutien plus actif de leur réseau de sociabilité (amis, proches, voisins, famille)".
Une trajectoire de déclassement
"En affinant les différences entre les diplômés ayant fait leurs études supérieures en France et à l’étranger, deux profils différents se dégagent" : d'un côté, des diplômés de l'enseignement supérieur français, "plus souvent des hommes, plus âgés, plus seuls, un peu plus souvent issus de classes sociales défavorisées, un peu moins parisiens". De l'autre côté, des diplômés de l'enseignement supérieur étranger, "plus souvent femmes, âgées entre 30 et 49 ans, voire moins de 30 ans, avec enfant (s) (le plus souvent en couple mais aussi seules), un peu plus souvent issues de classes moyennes".
"Leur sans-domiciliation est révélatrice d'une trajectoire de déclassement de diplômés nés à l'étranger et dont les conditions de vie suite à leur arrivée en France ont conduit à la pauvreté, faute de valorisation de leur diplôme, d'obtention d'un diplôme français ou d'une équivalence et, souvent, [à cause] de discrimination", notent les auteurs. Ils estiment que près de 15% des SDF ayant fait des études supérieures ont connu une première situation de sans-domiciliation au cours de leurs études.
D'après l'étude, 143 000 personnes étaient sans domicile en France en 2012, soit une augmentation de plus de 50% en onze ans. Entre 2001, date de l'étude précédente, et 2012, les SDF nés à l'étranger, venant pour beaucoup des anciennes colonies françaises, sont nettement plus nombreux. Les SDF dans leur ensemble étaient âgés de 39 ans en moyenne, un sur dix ayant 60 ans et plus.
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