Emmaüs fête ses 60 ans
En France, 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, et 20% des sans domicile fixe sont des travailleurs pauvres, rappelle Emmaüs. Outre les "chiffonniers", qui récupèrent, trient, recyclent et revendent objets et vêtements, Emmaüs, c'est également aujourd'hui des lieux d'hébergement d'urgence, des logements sociaux ou encore des structures d'insertion sociale et professionnelle.
Pour fêter son anniversaire, l'organisation caritative organise aujourd'hui une fête au Zénith de Paris, où elle réunira quelque 4.000 acteurs du mouvement avec, au programme, la projection d'un film sur l'histoire de l'association, des débats et, dans l'après-midi, un concert réunissant notamment Olivia Ruiz, Cali ou encore Diams. Et puis du 3 au 15 novembre, l'association ouvrira les portes de ses communautés au public.
L'origine d'Emmaüs remontre à octobre 1949, lorsque Henri Grouès, dit l'abbé Pierre, recueille dans une maison qu'il restaure à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis) un ancien bagnard en déshérence et au bord du suicide, Georges Legay. "Je ne peux pas t'aider. Mais toi, tu peux m'aider à aider les autres", lui aurait alors dit l'abbé Pierre, une phrase qui pose le principe même du mouvement qui peu à peu verra le jour.
A l'époque, l'abbé Pierre, décédé le 22 janvier 2007 à l'âge de 94 ans, "voulait sans doute montrer par son action encore balbutiante ce que l'on pouvait faire face aux besoins immenses de la société d'après-guerre", selon le président d'Emmaüs France Christophe Deltombe et le président d'Emmaüs International Jean Rousseau. Depuis, le mouvement Emmaüs est devenu une vaste nébuleuse qui compte 308 groupes dans 36 pays, guidés par cette idée simple qu'"ensemble on peut refaire le monde".
Mais en ce soixantième anniversaire, Emmaüs entend également délivrer un message politique, dans la droite ligne de son fondateur qui n'a jamais hésité, de l'appel de l'hiver 1954 à la défense des occupations d'immeubles menées par Droit au logement (DAL), à bousculer les gouvernements. "Le mal-logement s'est déplacé sur des populations souvent issues de l'immigration et ghettoïsées par un urbanisme mal maîtrisé", écrivent les deux responsables de l'association.
Alors que la trêve hivernale des expulsions prend effet lundi, la Fondation Abbé Pierre souligne de son côté qu'en 2008, il y a eu 11.294 expulsions effectives avec le concours de la force publique en France, soit une augmentation de plus de 150% en dix ans.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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