Egalité hommes-femmes : principes et réalité
Le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) dresse le bilan de quarante années de lois destinées à corriger les inégalités entre hommes et femmes. Il témoigne de "résistances" aujourd'hui dans la société française. "L'affirmation du droit au travail des femmes ne parvient pas à vaincre les discriminations", souligne le rapport. Alors que le principe "à travail égal, salaire égal" est réaffirmé dans quatre lois depuis 1972, le Medef vient en effet de proposer aux syndicats d'ouvrir une discussion sur l'égalité salariale entre femmes et hommes.
L'écart de rémunération se maintient à 19% depuis le milieu des années 1990, la discrimination étant encore plus sensible pour les cadres (23%). Pourtant, les femmes forment 47% de la population active, mais 83% des travailleurs à temps partiel, 8% des dirigeants de grandes entreprises. Certaines caractéristiques influent sur le salaire des femmes, qui ont souvent par exemple des carrières interrompues, ou sont dans des secteurs moins bien payés. Mais "à caractéristiques d'emploi identiques", l'écart de salaire reste autour de 11% depuis plusieurs années, a souligné récemment la Dares (ministère du Travail).
Une femme active ou retraitée sur trois (34%) a le sentiment d'avoir été victime de discrimination sur son lieu de travail parce qu'elle est une femme, révèle pour sa part un sondage CSA pour la Halde réalisé à l'occasion de la Journée de la Femme. Selon ce sondage, près d'un Français sur deux (46%) estime qu'être enceinte est un inconvénient dans l'évolution d'une carrière professionnelle et plus d'un Français sur trois (36%) partage ce sentiment à l'égard des mères de famille. En revanche, être une femme sans enfant est plutôt perçu comme un avantage (46%).
Considérant le droit de participer à la vie politique, "seule la contrainte ouvre le chemin vers la parité", constate Pierrette Crosemarie, rapporteure au nom de la délégation aux droits des femmes : seulement 18,5% de femmes à l'Assemblée nationale et 13% dans les conseils généraux, pour lesquels il n'y pas d'obligation. "Il y a eu beaucoup d'avancées, mais la bataille que nous devons mener aujourd'hui est celle des mentalités", affirme Mme Crosemarie.
"Les droits personnels des femmes sont fragiles, leurs remises en cause peuvent intervenir rapidement" , dit-elle, évoquant la polémique sur les crédits accordés au Planning familial. L'exercice du droit à la contraception et à l'IVG est "imparfait, faute d'une politique d'éducation sexuelle assortie de moyens budgétaires adaptés et d'une véritable prise en charge", estime la délégation aux droits des femmes. La lutte contre les violences subies par les femmes est souvent "inopérante" faute de coordination et de dispositifs d'accueil, affirme enfin le CESE, qui défend l'idée d'une loi-cadre, du type de la loi espagnole.
Caroline Caldier, avec agences
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