Universités : vers une sélection à l'entrée de Médecine ?
La sélection à l'université ? Un tabou en France. Que le projet de loi de la ministre de l'Enseignement supérieure, Genevière Fioraso, vient peut-être de briser.
Ce qui chiffonne les étudiants, c'est l'article 22 de ce texte qui doit être présenté à l'Assemblée national le 13 mai prochain. Il concerne la PACES ("première année commune aux études de santé", qui regroupe désormais les facultés de médecine, pharmacie, dentaire...) et évoque la possibilité de tester les étudiants dès le début de la première année et de les réorienter illico si ce test n'est pas concluant.
EXTRAIT : "Il est proposé
de permettre, à titre expérimental, pour une durée de six ans [...] une
orientation des étudiants inscrits en première année commune des études de
santé à l'issue d'épreuves organisées en début d'année universitaire ; la
possibilité de réorientation existe déjà, théoriquement, mais elle ne concerne
qu'un nombre relativement faible d'étudiants , avec un maximum théorique de 15%
et elle intervient trop tardivement pour assurer une réorientation efficace. L'expérimentation doit permettre de procéder à des réorientations d'étudiants
n'ayant manifestement aucune chance de réussite tout en leur garantissant de
réelles possibilités de réorientation ".
"Cette réforme porte le germe d'une sélection généralisée à l'entrée de l'université" (Fage)
Cette réforme répond au taux d'échec abyssal en première année de santé, évalué à environ 80%. Mais pour la Fage, deuxième syndicat étudiant (majoritaire en médecine), elle porte "le germe d'une sélection généralisée à l'entrée de l'université ", dit-elle dans son communiqué. "On peut imaginer qu'un étudiant s'inscrive pour rentrer en PACES le 15 août , théorise Julien Blanchet de la Fage. Le 15 septembre, on lui fait passer un examen, avec un écrémage extrêmement fort, et on l'oblige à se réorienter dans une autre filière. Or toutes les études montrent que plus la sélection est tôt dans le parcours universitaire, plus cette sélection est sociale ".
"Ne plus se fracasser contre le mur du concours de médecine" (CPU)
Pour le ministère de l'Enseignement supérieur, pourtant, ces craintes sont infondées. "Il ne s'agit pas de sélection ", clame la ministre Genevière Fioraso. "Au contraire , abonde Jean-Loup Salzmann, de la CPU, Conférence des présidents d'universités, il s'agit d'en finir avec ce concours, par des voies d'expérimentation, université par université, pour permettre aux étudiants de ne plus se fracasser contre le mur du concours de médecine ".
Pourtant, certains, comme le doyen de la faculté de médecine de Tours, Dominique Perrotin, n'hésitent pas à vanter les mérites de la sélection : "Dans le reste de l'Europe occidentale, en dehors de l'Italie, tous les étudiants sont sélectionnés à partir des notes du baccalauréat , explique-t-il. Ce sujet qui est tabou en France doit être remis sur la table ".
Comme démonstration de sa bonne foi, le gouvernement en tout cas affirme vouloir multiplier les passerelles, pour permettre à des étudiants d'autres filières de rejoindre la médecine, en entrant directement en deuxième ou troisième année, et contournant cette fameuse et délicate première année.
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