Université : un accord "historique" pour la mise en place d'une sélection à l'entrée du master
En contrepartie, les universités ont accepté de garantir un droit à la poursuite des études en master 2, réclamé par les organisations étudiantes.
Pour Najat Vallaud-Belkacem, il s'agit d'un "compromis historique". Un accord a été conclu, mardi 4 octobre, par la ministre de l'Education nationale, les organisations étudiantes et les présidents d'université sur la mise en place d'une sélection à l'entrée du master dès la rentrée 2017. En contrepartie, les universités ont accepté de garantir un droit à la poursuite des études en master 2, réclamé par les organisations étudiantes. Voici ce qu'il faut retenir de cet accord.
Pourquoi instaurer une sélection avant le master 1 ?
Le master est un cycle de deux ans (M1 et M2) qui fait suite à la licence et qui a été créé en 2002 pour remplacer la maîtrise (bac+4) et les DEA ou DESS (bac+5). La sélection, qui existait auparavant à la fin de la maîtrise, pour entrer en DEA ou DESS, avait été conservée et se retrouvait donc en milieu du cycle de master. Cette sélection était interdite mais pratiquée par les universités, faute de places suffisantes dans certains masters très demandés. Face à la multiplication de recours en justice de la part d'étudiants refusés, le ministère a adopté au printemps 2016 un décret autorisant quelque 1 300 masters M2 à sélectionner leurs étudiants entre le M1 et le M2. Une solution conçue pour être temporaire.
Cet accord doit "mettre fin à des dysfonctionnements des masters", a expliqué la ministre. "C'est à l'entrée du master que les universités peuvent recruter les étudiants selon leur niveau pédagogique, leur projet professionnel. Et une fois que les étudiants y sont, ils y sont pour quatre semestres", a-t-elle expliqué, se gardant d'employer le terme de sélection.
Toutes les inscriptions en master 2 seront-elles pour autant acceptées ?
"Nous instaurons dans la loi un droit à la poursuite d'études pour tous ceux qui le souhaitent", a précisé Najat Vallaud-Belkacem. Le candidat refusé au master de son choix pourra solliciter le recteur, qui devra lui faire trois propositions, dont l'une disponible dans l'établissement où l'étudiant a obtenu sa licence, ou, à défaut, un établissement de sa région académique.
Les facultés de droit et de psychologie pourront toutefois sélectionner entre la première (M1) et la deuxième année (M2), car plusieurs concours se passent après l'obtention du M1.
Le dispositif s'accompagnera d'une plateforme, "trouvermonmaster.gouv.fr", qui listera l'offre sur le plan national, et d'un fonds, au montant encore à déterminer, pour aider à la mobilité des étudiants qui n'auront pas obtenu un master dans leur université, a précisé Najat Vallaud-Belkacem.
Cette plateforme, qui ne fournira que des informations et n'effectuera pas de gestion de voeux, devrait être prête en janvier prochain car la réforme doit être inscrite "le plus rapidement possible dans la loi, pour s'appliquer à la rentrée 2017".
Pourquoi la ministre qualifie-t-elle ce compromis d'"historique" ?
De fait, chacun a fait un pas dans ce dossier contrversé. Sur le thème de la sélection, largement tabou à gauche, syndicats étudiants et présidents d'université s'opposaient, les premiers refusant d'entendre parler d'une sélection jugée nécessaire par les seconds.
Il sera très difficile de "détricoter [cette loi] par la suite", au regard du consensus obtenu entre tous les partenaires, a estimé Najat Vallaud-Belkacem à sept mois de la présidentielle.
La Conférence des présidents d'université (CPU) a quant à elle salué "une solution à un problème qui empoisonne la vie des universités et de leurs étudiants depuis maintenant près de dix ans". Cet accord "permettra aux établissements de sortir de l'insécurité juridique", ajoute-t-elle.
Jimmy Losfeld, président de la Fage, syndicat étudiant, tient à "récuser le terme de sélection", car "la sélection c'est l'exclusion". Or, cette réforme permet à tous les titulaires d'une licence désireux de poursuivre leurs études de s'inscrire à un master, estime-t-il. Lilâ Le Bas, la présidente de l'Unef, premier syndicat étudiant, met elle aussi l'accent sur "le droit à la poursuite d'études".
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