SNU : la Cour des comptes pointe un dispositif "aux objectifs incertains", un budget "largement sous-estimé" et dont la généralisation est "non-préparée"
Le service national universel, lancé en 2019, est régulièrement mis en avant par l'exécutif, censé redonner un sentiment de cohésion nationale aux jeunes. Il comprend aujourd'hui notamment un séjour de cohésion et une mission d'intérêt général, pour les volontaires seulement. Emmanuel Macron répète régulièrement son souhait de le voir généralisé et en janvier dernier, Gabriel Attal prévoyait un SNU pour toute une classe d'âge d'ici 2026.
Mais la Cour des comptes s'est penchée sur ce dispositif, et publie son rapport aujourd'hui. L'instance ne se montre pas convaincue, et même loin de là.
"Les objectifs demenrent à ce jour incertains". La juridiction financière relève aussi que le nombre de jeunes visé chaque année n'est jamais atteint. Les sages sont également sévères sur le coût du SNU, "largement sous-estimé" selon eux.
En matière de mixité sociale comme d’engagement, les ambitions du dispositif ne sont pas atteintes
Rapport de la Cour des comptes sur le SNU
La Cour des comptes affirme que son déploiement rencontre de multiples difficultés, pour trouver par exemple des lieux d'hébergement, pour recruter les encadrants ou encore pour gérer le transport et la tenue des jeunes.
Un budget loin d'être celui programmé
C'est le résultat, selon ce rapport, d'une "montée en puissance à marche forcée" sans que les moyens adaptés ne soient mis en oeuvre, ce qui entraine "désorganisation, gestion dans l'urgence et surcoûts".
Dans ce contexte une généralisation soulève des questions opérationnelles importantes, affirment les magistrats, et couterait très cher : entre 3 et demi et 5 milliards d'euros, selon eux, loin du budget programmé pour le moment jusqu'en 2027.
Dans ses recommandations, la Cour des comptes appelle à "clarifier les objectifs du dispositif et prévoir leurs modalités d'évaluation", mais aussi à "définir les modalités d'implication des collectivités territoriales". Les Sages recommandent de "donner une assise juridique" au SNU "permettant d'assurer sa montée en charge", mais aussi à "structurer une filière métier afin de répondre aux besoins en personnels de direction et d'encadrement des centres accueillant les séjours de cohésion".
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