Sciences Po : la gestion Descoings mise au pilori par la Cour des comptes
"Fuite
en avant financière" , "gestion peu scrupuleuse des deniers
publics" : dans son rapport sur la gestion de Sciences Po entre 2005 et
2011 la Cour des comptes ne mâche pas ses mots. Les faits et les chiffres lui ont en effet donné matière à éreinter l'ère Richard Descoings, l'ancien directeur décédé en avril 2012.
Premier motif d'interrogation de la
Cour : l'évolution des salaires. Entre 2005 et 2011,
la rémunération annuelle brute de Richard Descoings a augmenté de 60,4%, culminant
à 537.246,75 euros en 2010. " A titre de comparaison, la rémunération
annuelle brute du président d'un autre grand établissement universitaire était
de 160.095,61 euros en 2011 " , relève la Cour des comptes dans
les extraits révélés par le quotidien Le Monde. Sachant que cette indemnité " ne
repose sur aucun contrat formel et n'a pas été votée en conseil
d'administration " .
Le rapport pointe du
doigt l'absence de contrôle de l'école, tant en interne qu'en externe. Sciences
Po est une école imbriquant la Fondation nationale des
sciences politiques (FNSP), régie par le droit privé, et l'Institut d'études
politiques (IEP), de droit public. Le rapport qualifie cette structure
d'" obsolète " , soulignant les " difficultés de coordination " ,
une " impossibilité de gérer globalement la masse salariale " ou encore
un* " flou juridique "* .
La Cour "invite le ministère à revoir au moins en partie sa subvention à la baisse"
Le montant des frais de scolarité des
étudiants de Sciences Po ne satisfait pas non plus la Cour des comptes : " Le coût moyen d'un étudiant est supérieur de plus de 3.000
euros à celui d'un étudiant à l'université Paris-Dauphine " . La facture est
acquittée par le ministère de l'Enseignement supérieur pour un surcoût de 300
euros par étudiant, mais aussi par les familles à qui on a demandé en moyenne,
en 2010, 400 euros à Dauphine contre un peu plus de 3.000 euros à Sciences Po. La Cour des comptes invite donc le ministère à revoir au moins en partie sa subvention à la baisse.
Le rapport
égratigne également l'image du charismatique ancien directeur de l'école.
Richard Descoings, mort d'une crise cardiaque le 3 avril à New York, avait bâti
sa réputation sur le " décloisonnement " et l'ouverture de l'école à
des enfants issus de milieux sociaux plus populaires. Si le nombre de boursiers
a effectivement crû lorsqu'il dirigeait l'école,* " la proportion des étudiants
issus de parents cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure s'est
accrue de 5 points, passant de 58,5% à 63,3% "* , note le rapport.
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