Réforme du collège : les syndicats d'enseignants "conscients que le collège va mal"
Est-ce qu'il y a une confusion entre réforme du collège et réforme des programmes?
Frédérique Rolet, Co-secrétaire générale et porte-parole du Snes (Syndicat national des enseignements de second degré) : "Il y a des corrélations entre la réforme des programmes et la réforme du collège. Il prévoit l'interdisciplinarité des programmes par cycles. En même temps, il y a beaucoup de débats médiatiques qui se focalisent, par exemple, sur le programme d'histoire géographie qui ne recoupe pas les préoccupations de professeurs des collèges."
François Portzer, président national du SNALC (Syndicat national des lycées et collèges) : "Ce sont deux choses liées. Les programmes sont faits pour être mis en pratique dans les futurs collèges. Mais ce sont des questions distinctes. Les programmes sont préoccupants quand on sait que le programme de français n'emploie plus le mot grammaire."
Est-ce de la faute des médias ou les enseignants expliquent-ils mal où sont les problèmes?
Frédérique Rolet : "Les profs veulent une réforme. Il y a une vraie souffrance professionnelle au collège. La loi de refondation dit que 25% des élèves arrivent en 6e avec des difficultés. Le collège qui a vu ses taux d'encadrement s'effondrer depuis une dizaine d'années n'a pas les moyens de venir en aide à ces élèves. Du coup, on aboutit à ces 150.000 jeunes qui sortent sans diplôme ni qualification, ce qui est un désastre pour le système éducatif français. C'est pour cela qu'il faut une réforme mais il faut écouter les professionnels qui la mettent en œuvre."
Vous voulez une réforme à votre mesure?
François Portzer : "Nous sommes conscients que le collège va mal. Il faut effectivement une réforme. Le problème de cette réforme c'est que l'on n'a pas voulu nous écouter. On a voulu nous livrer une réforme clef en main. Et on nous taxe d'immobilisme ce qui est faux."
Si on vous avait écoutés, à quoi ressemblerait une réforme pour la rentrée 2016?
Frédérique Rolet : "On a des horaires très contraints, plus de possibilité de dédoublement alors que l'on sait que des jeunes ont besoin d'un temps plus long que d'autres… Ce serait aussi des dispositifs d'aide bien conçus. La réforme peut être un outil."
Donc tout n'est pas à jeter?
François Portzer : "Si pour nous. On demande le retrait de la réforme. La priorité c'est de mettre en place des dispositifs pour les élèves en difficulté. Cela passe par un enseignement en petit effectif pour les matières fondamentales comme le français, les maths, l'anglais."
Pourquoi l'enseignement de la philosophie des Lumières pose problème?
Frédérique Rolet : "C'est dans la réforme des programmes. On a la difficulté de concevoir des programmes qui ne sont pas pléthoriques mais qui n'oublient pas certaines notions essentielles. De ce point de vue, il y a une consultation en ce moment."
François Portzer : "Il est effectivement aberrant que des notions comme le fait que les Lumières ne soient pas enseignées aux élèves. Ce qui est important, c'est que l'on n'arrive à pas à un enseignement light."
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