: Vidéo Annonces du ministre de l'Éducation nationale avant la rentrée : "Nous attendons des actes concrets", demande un syndicat d'enseignants
Marie-Hélène Plard, secrétaire départementale du syndicat d'enseignants Snuipp-FSU en Seine-Saint-Denis, réclame mercredi des décisions "concrètes", notamment sur les salaires, alors que Jean-Michel Blanquer tenait une conférence de presse avant la rentrée scolaire.
"Que le ministre soit préoccupé par notre bonheur c'est une bonne chose, mais cela doit passer par des actes et des décisions concrètes, à commencer par les salaires", a réclamé sur franceinfo mercredi 28 août Marie-Hélène Plard, secrétaire départementale du Snuipp-FSU en Seine-Saint-Denis, alors que le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer tenait une conférence de presse mardi avant la rentrée scolaire. Lors de sa prise de parole, le ministre y a défendu ses réformes en évoquant trois grands défis : "l'égalité des chances", "le bien-être des professionnels" et "la question environnementale".
franceinfo : Le ministre n'avait qu'un mot à la bouche : dialogue. Il veut restaurer le prestige de la profession et affirme que votre bien-être est sa priorité. Comment accueillez-vous cet élan presque lyrique avant la rentrée ?
Marie-Hélène Plard : On note quand même un changement de ton depuis ces derniers mois. Après, que le ministre soit préoccupé par notre bonheur c'est une bonne chose. Mais cela doit passer par des actes et des décisions concrètes, à commencer par les salaires. Tout le monde s'accorde à dire que les enseignants en France sont extrêmement mal payés, particulièrement les professeurs des écoles. Leurs salaires, en début de carrière, sont parmi les plus bas de la moyenne de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Sur ce point-là, aucune décision et aucun calendrier ne sont posés. Nous attendons des actes concrets
Quel doit être le salaire d'un enseignant aujourd'hui selon vous ?
Depuis 1998, le coût de la vie a augmenté deux fois plus que les salaires des enseignants. On demande donc déjà un plan de rattrapage sur l'inflation et le dégel du point d'indice, bloqué pour les fonctionnaires depuis 2010 malgré une légère hausse en 2016. Voilà déjà deux mesures concrètes à appliquer rapidement et qui sont attendues par la profession. Un enseignant dans le primaire débute sa carrière aux alentours de 1 400 euros. En Seine-Saint-Denis, comme dans toute la région parisienne mais aussi dans des grandes villes, c'est une impasse pour se loger à cause du prix des loyers. Dans ces conditions, comment faire des enseignants heureux alors qu'ils n'arrivent pas à se loger et n'arrivent pas à vivre correctement, ont des temps de transport exponentiels ? Je ne suis pas sûr que ça fasse des enseignants sereins pour aborder la rentrée.
Le dédoublement des classes de CP va s'élargir au delà des zones REP, les zones sensibles. Est-ce une bonne avancée ?
J'ai été fortement surprise, lors de la conférence de presse du ministre, d'apprendre qu'il mettait en place des CP dédoublés à douze élèves. Ce n'est pas la vérité en Seine-Saint-Denis, où la moyenne des dédoublements est plutôt à quatorze, voire des groupes classes à seize. De plus, ce dédoublement n'est pas effectif sur l'ensemble du territoire REP. Il y a encore un tiers des écoles élémentaires en éducation prioritaire dont les CE1 ne sont pas dédoublés. Pour faire un affichage politique, on met en place un dédoublement à hauteur d'une trentaine de postes dans des grandes sections d'éducation prioritaire renforcée. Pour améliorer les conditions de travail, nous demandons une baisse des effectifs de toutes les classes. Si on avait concentré les moyens utilisés pour les dédoublements - qui est un dispositif extrêmement coûteux en termes de postes - sur l'éducation prioritaire, aucune classe de la maternelle au CM2 ne dépasserait vingt élèves. On aurait donc des conditions d'apprentissage nettement améliorées pour les enfants et des conditions de travail améliorées pour les enseignants.
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