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Que veulent les profs de prépa ?

Les enseignants de classes préparatoires aux grandes écoles sont en grève et défilent lundi pour dénoncer un projet de Vincent Peillon. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des professeurs de classes prépa au lycée Claude-Fauriel de Saint-Etienne (Loire) distribuent des tracts, le 5 décembre 2013. (MAXPPP)

La colère n'est pas retombée. Une semaine après une première journée de mobilisation, les professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) sont redescendus dans la rue, lundi 9 décembre, contre une proposition de Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale.

Cette journée "prépa morte", à l'appel du Syndicat national des enseignements de second degré (Snes), du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc) et de Force ouvrière, a provoqué une forte mobilisation. Le rectorat de Paris a compté "68,8% de grévistes" dans l'académie en milieu de matinée, alors qu'un cortège doit s'élancer, dans la capitale, à 14 heures. Un premier décompte du Snes faisait quant à lui état de 80% de grévistes au niveau national, le taux atteignant 100% dans 62 lycées.

Pourquoi ces enseignants se mobilisent-ils, chose plutôt rare ? Explications.

Que propose Vincent Peillon ? 

Le projet de décret du ministre de l'Education prévoit de diminuer le nombre d'heures de cours pour les enseignants en zone d'éducation prioritaire (ZEP). Pour financer cette mesure, le ministre envisage de relever le nombre minimal d'heures de cours assurées par des profs de classes prépa. 

Ces derniers doivent aujourd'hui effectuer entre 8 et 11 heures de cours par semaine. Le décret prévoit de fixer ce nombre à 10 heures hebdomadaires, quel que soit le niveau des élèves. Cette disposition aurait des conséquences sur le salaire de ces enseignants, car elle rognerait sur leurs heures supplémentaires.

Avec le décret, combien perdraient-ils ? 

Selon Vincent Peillon, interrogé sur France Inter, les profs concernés pourraient perdre du salaire "dans des proportions de 3, 4 ou 5%". Un pourcentage que réfutent les enseignants, lesquels chiffrent plutôt la baisse entre 5 et 20%. "Cela peut aller jusqu'à 800 euros [de moins] par mois environ", indique ainsi un professeur d'histoire cité par L'Express

Que dénoncent vraiment les profs de prépa ? 

Sur la forme. Les professeurs de prépa critiquent d'abord la méthode employée par le ministre de l'Education. "C'est un projet très maladroit, qui tente d'opposer deux catégories d'enseignants", fustige Philippe Heudron, président de l’Association des professeurs des classes prépa économiques et commerciales, sur 20minutes.frS'il juge justifié de baisser le nombre d'heures de cours de ses collègues de ZEP, il refuse que cela soit financé "en allant prendre dans les poches des professeurs de prépa".

Sur le fond. Avec ce projet de décret, de nombreux enseignants estiment que leur travail n'est "pas reconnu" et parfois "méprisé" par le ministère de l'Education, note Le Figaro"Non, les classes préparatoires ne sont pas un luxe coûteux, elles sont stratégiques", martèlent-ils dans un manifeste, repris par Rue89 (PDF)"On a l'impression qu'on nous prend pour des nantis qui créeraient des inégalités en tirant les élèves par le haut", résume un professeur d'espagnol interrogé par Libération. Et de rejeter les critiques concernant le recrutement en classe prépa : "Nous avons 30% de boursiers", se défend-il. 

Combien gagnent-ils ?

Dans un rapport (PDF) publié en mai, la Cour des comptes affirme qu'un professeur de prépa gagne en moyenne 4 108 euros net par mois, pour quinze ans d'ancienneté. C'est bien plus que leurs collègues de collège et lycée, qui émargent à 2 473 euros pour la même ancienneté. Selon la Cour des comptes, ce salaire des profs de prépa s'explique par "un niveau élevé des rémunérations accessoires versées au titre des heures supplémentaires et des heures d'interrogation", aussi appelées "colles". 

Comment travaillent-il ?

"Enseigner en classe prépa implique un travail harassant et des sacrifices en termes de vie de famille", justifie Philippe Heudron. "Nos heures de cours s’accompagnent d’un travail énorme à la maison. Les programmes changeant chaque année, certains passent leurs vacances à rédiger des nouveaux cours. Sans oublier un très important travail de correction de copies…"

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