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Benoît Hamon abandonne les "ABCD de l'égalité"

Le ministre de l'Education nationale cherche une alternative pour enseigner l'égalité entre hommes et femmes à l'école, après des mois de polémique.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un tableau dans une classe de maternelle, le 13 janvier 2014. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Benoît Hamon annoncera formellement lundi 30 juin le sort réservé aux "ABCD de l'égalité" qui, après des mois de polémique, ne seront pas reconduits, croit savoir Le Monde. L'enseignement de l'égalité entre les filles et les garçons devra prendre une autre forme. "Rendez-vous lundi pour l'annonce du plan d'action pour l'égalité filles-garçons à l'école dès la rentrée 2014, au service d'une ambition réaffirmée", ont déclaré sur Twitter le ministre de l'Éducation nationale et sa collègue des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, samedi 28 juin.

Pourquoi les "ABCD de l'égalité" sont-ils enterrés ?

Cette expérimentation, conçue pour lutter contre les stéréotypes fille-garçon à l'école, est testée depuis la Toussaint, de la grande section de maternelle au CM2, dans 600 classes de 275 écoles dans dix académies. L'intention était ensuite de généraliser le dispositif à la rentrée 2014.

Les folles rumeurs. Mais le programme est fortement attaqué par des mouvements proches de l'extrême droite et des opposants au mariage homosexuel. L'école a ainsi été secouée par de folles rumeurs - des garçons obligés de porter des robes ou des cours de masturbation en maternelle - au nom d'une prétendue "théorie du genre" enseignée aux enfants.

Un bilan pourtant positif. Le ministre de l'Education l'assure : "le bilan est positif pour les ABCD". En janvier, un bilan d'étape publié par le ministère le démontrait : "75 % des enseignants pensent désormais pouvoir agir sur la durée, sur eux-mêmes et sur les élèves pour créer les conditions d'une éducation à l'égalité pour les filles et pour les garçons".

Quelles réactions cette marche arrière provoque-t-elle ?

La consternation des féministes. L'association Osez le féminisme !, qui réclame la généralisation des ABCD, le dit sans détour, dans une réaction rapportée par Le Lab : "Il s'agit, au prétexte d'apaiser la situation, de donner satisfaction à des groupuscules réactionnaires et conservateurs qui ont fait du maintien d'une société traditionnelle, hétéronormée et patriarcale leur cheval de bataille." L'ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot, y voit aussi un "retour en arrière".

Le triomphalisme des ultra-conservateurs. C'est une "victoire" pour Farida Belghoul, meneuses du mouvement d'opposition aux ABCD de l'égalité, à l'origine des journées de retrait de l'école. Dans un communiqué cité par L'Express, elle rend hommage à "la convergence islamo-catholique ! (...) Hommage aux alliés, Christine Boutin, Béatrice Bourges (leader du Printemps français), (...) à Alain Escada, président de l'Institut Civitas". Tous ont été en pointe contre l'ouverture du mariage aux homosexuels.

Que prévoit l'Education nationale pour les remplacer ?

L'entourage de Benoît réfute pourtant "tout abandon de l'éducation à l'égalité fille-garçon". Elle "est prévue et elle va se faire", dit-on.

Former les enseignants. Cette éducation va s'inscrire dans "la formation, initiale et continue, des enseignants qui sera déployée". En outre, "les outils dématérialisés mis à la disposition des enseignants vont être développés et améliorés en fonction de ce que dit le rapport d'évaluation" remis récemment au ministre.

Changer le contenant, pas le contenu. Sur France Culture, Benoît Hamon a  indiqué, mercredi, "vouloir inscrire la lutte contre les inégalités" entre hommes et femmes "dans le socle commun" de connaissances, de compétences et de culture que tout élève doit avoir maîtrisé à la fin de la scolarité obligatoire, à 16 ans. Le ministre insiste sur le fait que l'essentiel est "dans le contenu, pas dans le contenant". Une option qui laisserait "un an de plus au gouvernement pour sortir de la polémique : le nouveau 'socle' n'entrerait en vigueur qu'à la rentrée 2016, si l'on se fie à un agenda mouvant", explique Le Monde.

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