Lycéenne voilée à l'épreuve du bac au lycée Charlemagne à Paris : des témoins mettent en question la version de la CPE
Une jeune candidate au bac a refusé d'enlever son voile avant d'entrer en salle d'examen, selon la version du lycée. Faux, affirment des témoins, selon qui la lycéenne a immédiatement obtempéré.
Des témoins mettent en question la version d'une conseillère principale d'éducation (CPE) du lycée Charlemagne à Paris qui a porté plainte pour menaces de mort et harcèlement en ligne, selon les informations recueillies par franceinfo. Jeudi 16 juin, une élève venue passer une épreuve du bac de français dans ce lycée parisien s'est vu interdire l'accès à l'établissement parce qu'elle portait le voile. Elle a refusé de l'enlever, selon la version du rectorat de Paris. Après une vive altercation, elle a fini par le retirer et a été admise dans la salle d'examen pour passer l'épreuve.
Cette version est désormais contestée par plusieurs témoins, des membres du personnel du lycée contactés par franceinfo. D'après eux, la candidate au bac a subi un acte islamophobe et la hiérarchie du lycée cherche à camoufler "une situation inacceptable". D'après ces témoins de l'incident, à l'entrée du lycée jeudi dernier, la jeune femme a retiré immédiatement son voile quand la CPE le lui a demandé.
"Des menaces intolérables"
Pourtant, selon ces témoins, la CPE n'a pas laissé entrer la bachelière et a continué de s’en prendre à elle. Ces témoins affirment que la CPE a tenu ces propos : "Tu enlèves ton truc ! Et il peut y avoir des témoins, je n'en ai rien à faire". L'échange tendu a duré suffisamment pour qu'une commerçante voisine vienne s'interposer, inquiète de voir une élève se faire crier dessus de cette manière.
Certains membres du personnel signataires d’un communiqué apportent leur soutien à cette candidate au bac. "Nous sommes profondément choqués de l’attitude de cette responsable envers une jeune lycéenne qui ne demandait qu’à passer son bac dans de bonnes conditions", peut-on lire dans ce communiqué. "De surcroît, la déferlante réactionnaire et les menaces qu’elle a reçue par centaines de la part de l’extrême droite ajoutent au traumatisme", ajoutent ces personnels.
Contactés par franceinfo pour répondre à cette version, le rectorat de Paris et le lycée Charlemagne n’ont pas donné suite. Dans un autre communiqué, un comité lycéen Charlemagne apporte également son soutien à l'élève, dénonçant une "injustice", une "humiliation". Les "menaces qu'elle a reçues sont intolérables", peut-on lire.
Les messages haineux en ligne se multiplient
Ces élèves du comité lycéen Charlemagne apportent toutefois également leur soutien à la CPE, car "les menaces proférées" à son encontre "sont inacceptables et totalement éloignées de nos valeurs". Depuis cette altercation une vive polémique est née sur les réseaux sociaux. Le nom de la conseillère d'éducation a été publié sur Twitter, elle a même reçu des menaces de mort.
L'enquête ouverte vendredi 17 juin par le pôle national de lutte contre la haine en ligne l'a été également pour "harcèlement moral en ligne et mise en danger de la vie d'autrui par diffusion d'informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle". Les investigations ont été confiées à l’OCLCH (Office central de lutte contre les crimes contre l'Humanité et les crimes de haine).
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