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L'article à lire pour comprendre la nouvelle carte de l'éducation prioritaire

Najat Vallaud-Belkacem doit annoncer, mercredi, la nouvelle carte de l'éducation prioritaire, applicable dès la rentrée 2015. Francetv info répond aux questions que vous vous posez sur cette réforme qui concerne les ZEP.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Des syndicats d'enseignants des académies de Paris-Créteil et Versailles manifestent pour dénoncer le démantèlement des zones d'éducation prioritaire (ZEP), le 9 décembre 2014 à Paris. (  MAXPPP)

Qui rentre en ZEP, qui reste, qui part ? Elèves, parents et enseignants ont déjà une petite idée du sort qui leur est réservé. Ils seront fixés, mercredi 17 décembre. La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, dévoile, en effet, la nouvelle carte de l'éducation prioritaire, applicable à la rentrée 2015.

Mais cette réforme ne satisfait pas tout le monde. Pour vous faire une idée et comprendre les enjeux, francetv info vous dit tout ce qu'il faut savoir à ce sujet.

C'est quoi l'éducation prioritaire ?

En bref, il s'agit de réduire l'échec scolaire et de promouvoir l'égalité des chances à l'école. La réussite scolaire connaît de grands écarts en fonction du milieu social d'origine comme l'ont établi de nombreuses notes d'information et études, notamment du sociologue Pierre Bourdieu. Partant de ce constat, depuis les années 1980, tous les gouvernements ont cherché à lutter contre cette inégalité en mettant davantage de moyens dans les zones les plus défavorisées où le taux d'échec scolaire est le plus élevé.

ZEP, RRS, RAR, Eclair, REP, REP+... Que signifient tous ces sigles ?

L'Education nationale a multiplié les politiques, programmes et actions en la matière. Difficile de revenir en détails sur tous les sigles. Néanmoins, voici des définitions et quelques explications pour s'y retrouver. Attention, il faut s'accrocher.

ZEP. Les zones d'éducation prioritaire (ZEP) ont été créées en 1981 par une circulaire, d'abord sous l'appellation "zones prioritaires". Au départ, 363 zones sont mises en place, mais ce nombre va aller croissant. Par exemple, en 1991, il y avait 554 ZEP en France. En 1997, s'y superposent les réseaux d'éducation prioritaires (REP), qui élargissent les ZEP.

RAR et RRS. En 2006, un rapport dresse un bilan mitigé des ZEP. Pour les remplacer, il "propose une nouvelle approche, avec un ciblage accru des réseaux les plus difficiles", souligne Le Monde. Ainsi, 253 réseaux ambition réussite (RAR), dotés de moyens supplémentaires et pilotés au niveau national, sont créés. Les ZEP et REP restants sont regroupés en 823 réseaux de réussite scolaire (RRS) pilotés par les académies.

Eclair. Quatre ans plus tard, un autre programme, centré sur la violence scolaire, est mis en place et absorbe les RAR. Il est intitulé Clair, pour collège lycée ambition innovation réussite, puis Eclair, lorsqu'il intègre les écoles en 2011.

REP. Aujourd'hui, la ministre de l'Education veut simplifier le dispositif en ne gardant que des REP et une version renforcée de ces derniers, les REP+. 

En 2015, l'établissement de mon enfant entre en REP ou en REP+. Qu'est-ce que cela signifie ?

C'est une bonne nouvelle : son établissement va bénéficier de moyens supplémentaires. Aide aux devoirs, soutien méthodologique, tutorat... L'accompagnement pour les élèves de sixième fait, par exemple, partie des mesures du dispositif. 

Les moyens accordés à un établissement classé en REP concernent aussi les professeurs. Des primes augmentées pour attirer et garder les enseignants dans les établissements les plus difficiles sont notamment prévues. Et si l'établissement est en REP+, les professeurs bénéficieront d'heures libérées pour travailler en équipe, suivre des élèves, rencontrer les parents. 

Certaines dispositions spécifiques dépendent du type d'établissement. Etre classé en REP ou en REP+ ne procure pas les mêmes avantages pour une école maternelle, une école élémentaire ou un collège, comme le détaille le site du ministère de l'Education nationale.

Et si l'établissement de mon enfant sort de REP, dois-je m'inquiéter ?

Selon la ministre de l'Education, non. "Ceux qui en sortent, vous ne perdez pas vos avantages du jour au lendemain, on les maintient pendant trois ans", affirme Najat Vallaud-Belkacem. Pour joindre le geste à la parole, elle présentera, mercredi, une autre réforme, celle de "l'allocation des moyens". Cette deuxième réforme "permettra enfin aux écoles, aux collèges, aux lycées, de recevoir des moyens proportionnés, non seulement à leur démographie, mais aussi aux difficultés sociales et scolaires de leurs élèves", assure la ministre.

Mais à terme ? Certains établissements ont déjà fait leurs calculs et s'estiment perdants. C'est le cas du collège Camille-Corot à Chelles (Seine-et-Marne). Pour cet établissement, être en ZEP est synonyme de subventions supplémentaires pour le matériel scolaire ainsi que pour des voyages pédagogiques, de prime de 100 euros pour les professeurs, et de classes avec 24 élèves au lieu de 30. Cela leur permet aussi de bénéficier d'un partenariat avec Sciences Po, qui permet aux élèves d'intégrer l'IEP de Paris grâce à une convention. Autant d'avantages qui vont disparaître pour ce collège en sortant des ZEP.

Pourquoi créer une nouvelle carte ? La précédente était nulle ?

"Depuis trente ans, on s'est contentés d'accumuler les établissements concernés", avance Najat Vallaud-Belkacem. La ministre défend une refonte de l'éducation prioritaire annoncée, en janvier, par son prédécesseur, Vincent Peillon.

"Une seule ambition a guidé l'élaboration de la nouvelle carte : aller vers plus de justice sociale", martèle la ministre de l'Education nationale. Pour cela, de nouveaux critères ont été établis pour mieux répartir les aides, et notamment éliminer "les effets de seuil", entre des zones proches.

A quoi ressemblera cette nouvelle carte ?

La nouvelle carte comprend finalement 1 089 réseaux d'éducation prioritaire (collèges et écoles de leur secteur). Un collège sera à la tête de chaque REP, pour travailler en partenariat avec les écoles qui lui envoient des élèves. En septembre, le ministère de l'Education nationale a dévoilé la répartition académique des REP et des REP+. 

  (MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE )
 

Depuis, certaines académies ont fait fuiter la liste de leurs établissements en REP et en REP+. C'est le cas de l'académie de Bordeaux, indique Sud-Ouest. Ou de Mayotte, où tous les collèges entrent dans le dispositif, ainsi que de Paris. Dans la capitale, 29 collèges et 214 écoles (contre 215) seront en REP à la rentrée 2015. Et 22 collèges, qui en faisaient déjà partie, y sont maintenus, 7 collèges y entrent et 10 en sortent, résume le site de L'Obs.

Qui a choisi les entrants et les sortants ?

Les recteurs d'académie étaient invités à soumettre des propositions au ministère. Ils ont fait leur choix sur la base d'un indicateur social, créé à partir de quatre critères : l'origine géographique des élèves (il faut être en zone urbaine sensible), le taux de boursiers, le nombre d'élèves entrant en sixième qui ont déjà redoublé et le pourcentage d'élèves issus de catégories socio-professionnelles défavorisées.

C'est la ministre qui a le dernier mot. Puis, la réforme est présentée aux syndicats réunis en Comité technique ministériel.

Pourquoi y a-t-il des mécontents ?

La nouvelle carte a d'abord été unanimement saluée. Puis, des voix se sont élevées lorsque des établissements se sont rendus compte qu'ils risquaient d'être exclus du nouveau dispositif. Des parents et des enseignants ont multiplié les blocages ou les occupations d'écoles et collèges dans plusieurs académies. A la fin novembre, ils ont expliqué à francetv info craindre une dégradation des conditions d'enseignement.

"On soutient tout à fait qu'il y ait des établissements qui rentrent. En revanche, on trouve complètement injuste et révoltant que des établissements sortent, y compris en Seine-Saint-Denis", département "touché par les difficultés sociales et scolaires", a fait valoir un professeur de Montreuil à la ministre. Dans cette ville du département, le collège Paul-Eluard est bloqué par des parents d'élèves qui occupent l'établissement depuis trois semaines.

L'enveloppe de 1 089 réseaux "ne tient pas compte des besoins réels", déplore la FSU, première fédération de l'éducation. Ses syndicats du primaire (SNUipp) et du secondaire (Snes) ont d'ailleurs déposé un préavis de grève pour mercredi. Ce jour-là, ils appellent à un rassemblement aux Invalides, à Paris, à 14 heures. De son côté, la CGT appelle aussi les enseignants à la grève le même jour.

J'ai eu la flemme de lire l'article en entier, vous pouvez me faire un résumé ? ;)

La ministre de l'Education nationale va annoncer, mercredi, la nouvelle carte de l'éducation prioritaire, applicable dès la rentrée 2015. Cette carte comprendra toujours 1 089 réseaux d'éducation prioritaire (REP), dont 350 réseaux d'éducation prioritaire renforcés (REP+). L'objectif est de remettre à plat l'ancienne carte des fameuses ZEP (zones d'éducation prioritaires, créées en 1981), qui permet à des établissements scolaires situés dans des quartiers défavorisés d'obtenir de meilleures conditions d'enseignement.

Ce qui implique que certains établissements entreront en ZEP et, surtout, que d'autres en sortiront. Le choix est effectué par chaque académie sur la base d'un indicateur social, mais la ministre a le dernier mot. Ce qui ne plaît pas à certains parents et enseignants de plusieurs villes de France. Ils sont mobilisés contre la sortie de collèges et écoles des ZEP.

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