"Il y a une forme de déconnexion entre la réalité du terrain et les enseignements" : la formation des professeurs en question
La formation des professeurs fait partie de la loi Blanquer, étudiée en ce moment à l'Assemblée nationale.
La formation des profs est l'un des volets de l'examen du projet de loi "Pour une école de la confiance", étudié à l'Assemblée nationale. Le ministre de l'Éducation nationale veut une formation plus proche du terrain, ce que disent aussi certains jeunes profs.
C'est le cas d'Émilie, qui enseigne le français en Île-de-France. Elle garde des souvenirs amers de son année de prof stagiaire il y a deux ans, en alternance entre son mi-temps devant les élèves et sa formation : "C'était une année particulièrement difficile, surtout sur des sujets très concerts, comme la gestion de classe, où j'aurais aimé avoir beaucoup plus d'outils pratiques pour gérer des situations conflictuelles avec des élèves. Je m'attendais vraiment à avoir des outils sur comment organiser un cours, mais ce sont des choses que je n'ai pas trouvées au sein de ma formation."
Le cours 'réussir sa rentrée' a été organisé un mois et demi après, au mois d'octobre.
Émilieà franceinfo
Sans vouloir généraliser, Émilie évoque une formation trop théorique et des formateurs un peu trop éloignés du terrain dans l'École supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE) qu'elle a fréquentée : "Très souvent, ce sont en fait des étudiants en doctorat en sciences de l'éducation, qui ont peu croisé eux-mêmes des élèves au cours de leur cursus. Eux vont aborder le domaine de l'enseignement d'un point de vue plus scientifique. Il y a une forme de déconnexion entre la réalité du terrain et les enseignements qu'on peut suivre. Sur de nombreuses thématiques qui étaient abordées, c'était effectivement une perte de temps." Émilie le reconnaît, elle profitait souvent de ces séances de formation pour corriger ses copies.
Une formation plus homogène et plus pratique
La loi Blanquer peut-elle corriger cela ? Le texte transforme les 33 ESPE en Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPE). Derrière ce changement de nom, le ministre veut une formation plus homogène partout sur le territoire et plus en lien avec le terrain. Par exemple, qu'au moins un tiers des formateurs de professeurs soient encore eux-mêmes au contact des élèves.
Mais pour Karine Lamoureux, du syndicat des enseignants UNSA, c'est toute une logique qu'il faut revoir : "Lorsqu'on devient enseignant au bout de cinq années, on peut supposer qu'au bout de trois ans, on est devenu un expert de sa discipline. C'est pourquoi la formation ne doit pas former des experts de leur discipline, mais des experts de la pédagogie, en phase avec la réalité de nos élèves, avec ce qu'est la société d'aujourd'hui, on doit vraiment les former aux gestes professionnels."
Mais cela suppose aussi de dégager du temps aux professeurs stagiaires, aujourd'hui, très occupés, entre leurs cours devant élèves, leur formation théorique et la rédaction du mémoire.
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