: Vidéo "Se voir dans les mains d'une autre personne..." Aliya, victime de chantage aux "nudes", cyberharcelée à 14 ans, témoigne dans son ancien collège
Elle veut provoquer "un électrochoc" chez ceux qui ont l'âge qu'elle avait quand elle a été harcelée sur les réseaux sociaux, après la divulgation de photos et vidéos intimes. Pour les alerter sur les risques qu'ils courent à partager des "nudes", Aliya va courageusement raconter son histoire à des élèves de troisième. Extrait de "Génération Nude : quand le corps vaut de l'or", un reportage d'"Envoyé spécial".
"Je m'appelle Aliya, j'ai 20 ans, et je suis là pour vous parler de mon propre vécu d'il y a six ans, ici même, au collège. J'étais en troisième, j'avais tout juste 14 ans quand ça m'est arrivé. J'ai été cyberharcelée", commence celle qui, aujourd'hui étudiante, est venue témoigner devant des adolescents pour "briser un silence qui tue".
Très vite, Aliya glisse le mot "nude" dans son récit. Ces selfies dénudés qui s'échangent via les smartphones dans le cadre d'une relation amoureuse sont devenus de plus en plus courants chez les jeunes – mais cette pratique n'est pas sans risques... Son ancien collège de Charente-Maritime organise régulièrement des rencontres de prévention en présence d'une sexologue.
Une ado réservée qui se réfugie sur les réseaux sociaux
Voici ce qui est arrivé à Aliya : à 14 ans, elle est une ado réservée qui se réfugie sur les réseaux sociaux. Elle y fait la connaissance d'un garçon qui dit avoir 17 ans et qu'elle ne rencontrera jamais. Elle se croit amoureuse de lui. Il la presse de le prouver... en lui envoyant une photo de ses seins. "J'étais amoureuse, insiste celle qui est devenue une jeune femme assurée, capable de raconter avec aisance, devant une classe de collège, une histoire pas facile à vivre. Donc une photo, deux photos. (...) Puis les vidéos se sont enchaînées. Moi en train de me masturber, de me caresser le sexe, des choses que j'avais jamais faites. Plus j'en faisais, plus je devais en faire. On peut se demander : 'Comment elle a fait ? Mais qu'est-ce qu'elle est conne ! Pourquoi elle continue ?' Mais quand on est amoureux, et pris dans cette emprise, on ne s'arrête pas."
Des images intimes envoyées à tout son collège
Au bout de cinq mois, le jeune homme lui annonce que tout cela n'était qu'un jeu, et qu'il la "quitte". Le lendemain, il diffuse les images intimes qu'il a conservées à tous les élèves du collège. Avertie par des amis, Aliya se sent impuissante : "Se voir entre les mains d'une autre personne… Ça m'a tellement énervée (...) que j'ai pris un compas, et je me suis donné des coups. Et encore, et encore, sur mes deux poignets, sur les cuisses. J'en avais marre. J'en pouvais plus."
Mais le calvaire d'Aliya n'est pas fini. Après la divulgation de ses "nudes", elle reçoit quantité de messages, dont les plus durs viennent des autres filles : des "sale pute", "pends-toi !", et même "C'est à cause de toi qu'on bat les femmes, qu'on les tue". Aujourd'hui, face aux regards attentifs des collégiens, Aliya confie que sans les amis qui l'ont avertie, elle ne serait pas devant eux, "mais à côté, au cimetière". Six ans plus tard, ce jour-là, elle a atteint son but : sensibiliser les élèves à une situation qui peut "arriver à tous", comme le dit un garçon conscient de faire partie de la "génération Nude".
Extrait de "Génération Nude : quand le corps vaut de l’or", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 16 décembre 2021.
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