Signaler, dialoguer, prévenir : ce que prévoit le dispositif "pHARe" contre le harcèlement scolaire
La Première ministre Elisabeth Borne a présenté mercredi 27 septembre le plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, qui avait été annoncé dès le mois de juin après le suicide de Lindsay, 13 ans. L'objectif du gouvernement est clair : que ces situations ne se reproduisent plus et que pour chaque cas de harcèlement, il y ait "100% [de] prévention, 100% [de] détection et 100% [de] réaction".
>> Lutte contre le harcèlement à l'école : la présentation du plan interministériel
Dans les faits, les établissements scolaires ont déjà une procédure à suivre, prévue par le programme "pHARe", (programme de lutte contre le harcèlement à l’école) qui vise à "créer une communauté protectrice qui participe à l’amélioration du climat scolaire". Expérimenté dès 2019, pHAREe a été généralisé aux écoles et aux collèges en 2022 puis aux lycées cette année. Au printemps, 86% des collèges et 60% des écoles étaient engagés dans le programme, selon le ministère.
Une charte d'engagement pour deux ans
Chaque établissement signe une charte qui l'engage pour deux ans dans le programme pHARe. Il constitue et forme des équipes, puis un protocole de traitement des cas de harcèlement est élaboré avant d'être présenté aux familles, aux élèves et au personnel. L'établissement doit organiser tout au long de l'année des temps forts (concours, journées contre le harcèlement, etc.) et il est censé mettre en place un atelier de sensibilisation tournée vers les familles.
Le programme pHARe mobilise les instances de la vie scolaire : conseil de la vie collégienne (CVC), conseil de la vie lycéenne (CVL), comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté (CESC). Au niveau de l'cadémie, un comité de pilotage du programme est présidé par le recteur avec au moins deux superviseurs académiques chargés de suivre son déploiement.
Une équipe ressource et des élèves ambassadeurs
Quand un établissement scolaire est mis au courant d'un potentiel fait de harcèlement sur un élève, il doit suivre la procédure prévue par le programme pHARe, qui prévoit la prise en charge de la situation par une équipe ressource. Il s'agit de cinq personnes formées et chargées de mettre en place "le protocole de prise en charge des situations de harcèlement", qui gère le cas de harcèlement du début à la fin. Il doit normalement y avoir une équipe dans chaque collège et une pour chaque circonscription du premier degré (maternelle et élémentaire).
En plus de cette équipe ressource, une équipe programme doit organiser dans chaque établissement 10 heures par an d'apprentissage sur la prévention du harcèlement, du CP à la troisième. pHARe s'appuie aussi sur des élèves-ambassadeurs (au minimum dix élèves) au collège.
Enfin, pHARe prévoit la mise à disposition de la communauté éducative de ressources accessibles via une plateforme numérique.
Un dialogue avec victime et harceleur
Quand les équipes ressources sont mises au courant d'une situation de harcèlement, elles sont invitées à respecter cinq étapes : "Recueillir la parole de la victime ; Protéger ; Accompagner ; Réparer ; Aider." Elles appliquent notamment la "méthode de préoccupation partagée" (MPP), basée sur l'empathie. Concrètement, il s'agit d'une série de courts entretiens avec l'auteur présumé pour mettre fin à la spirale de harcèlement.
Dans le même temps, la victime présumée est évidemment également reçue par l'équipe pHARe et sa famille est toujours censée être tenue au courant de la situation. Dans l'idéal, le programme prévoit de régler la situation en dialoguant avec toutes les parties concernées, puis d'assurer "un suivi soutenu de la situation en appréciant les effets des actions engagées". Notamment pour s'assurer que le harcèlement ne reprend pas.
Le protocole de traitement des cas de harcèlement prévoit d'informer, selon les cas, le médecin scolaire, la ou le psychologue de l'Education nationale (psyEN) mais aussi l'inspecteur de circonscription.
Une prise en compte des cas d'urgence
Dans certaines situations, la "méthode de préoccupation partagée" n'est pas applicable, par exemple si la victime se sent en danger où a peur de venir en cours. Dans ce cas, "la mise en place immédiate de mesures de protection des élèves demeure la priorité des équipes éducatives", précise le ministère de l'Education nationale. Les directives envoyées aux établissements scolaires prévoient que si les faits de harcèlement sont graves, avec par exemple des violences répétées, l'établissement peut décider de tenir un conseil de discipline en vue d'une éventuelle exclusion, temporaire, voire définitive. Dans ce cas-là, il est prévu d'en informer la famille de la victime, mais aussi les élèves de sa classe, son entourage et leurs familles. Une procédure également prévue quand le comportement du ou des auteurs des faits ne change pas.
Dans le même temps, quand le harcèlement scolaire est avéré, le chef d'établissement doit signaler les faits au procureur de la République puisque le harcèlement scolaire est considéré comme "un délit pénal qui pourra être puni jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende", précise la loi. Les services départementaux peuvent être également prévenus, précise la procédure pHARe.
Vous êtes victime de cyberharcèlement ? Vous avez été témoin d’une situation de harcèlement scolaire ? Si vous avez besoin d'une aide directe, ou que vous êtes inquiet pour l'un de vos proches, des numéros de téléphone gratuits et confidentiels ont été mis en place pour répondre à vos questions : le 3020 (consacré au harcèlement) et le 3018 (dédié au cyberharcèlement).
Vous pouvez aussi vous adresser à la direction ou un membre de l'équipe éducative de l'établissement dans lequel un cas de harcèlement est détecté. Vous trouverez enfin de nombreuses informations sur les manières de réagir sur le site du ministère de l'Education nationale.
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