Reportage "Ce comportement n'est pas normal" : on a visité le 3018, la plateforme qui aide les enfants contre le harcèlement

En cette journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, franceinfo vous propose une immersion au sein de la plateforme téléphonique 3018 qui aide les enfants victimes de harcèlement scolaire et sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des psychologues ou des juristes répondent aux appels du 3018. (NOÉMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

"3018, bonjour !" Au sein de la plateforme téléphonique, ils sont 17 "écoutants, des psychologues ou des juristes qui répondent aux appels. "Est-ce que tu peux m'expliquer ta situation ?", interroge l'une des écoutantes au téléphone. Le 3018 est le numéro désormais unique pour aider les personnes victimes de harcèlement à l'école ou sur les réseaux sociaux. Il est accessible sept jours sur sept, toute l'année, de 9 heures à 23 heures. L'appel est confidentiel, il n'apparaît pas sur les factures de téléphone, et gratuit. "Le comportement que tu me décris n'est pas normal", poursuit l'écoutante au téléphone.

La plateforme est gérée par l'association e-enfance et fait face à une activité qui ne cesse d'augmenter. Les récits sont souvent lourds. Le recours au 3018 intervient en général quand la situation de harcèlement est déjà très avancée. "C'est allé tellement loin que ma fille a tout lâché niveau école, explique une mère de famille. Elle commence à se faire mal et elle l'a fait pas mal de fois, et elle ne veut plus y retourner."

Des violences dans la cour et sur les réseaux sociaux

Historiquement, le 3018 gère en majorité des cas de harcèlement sur les réseaux sociaux, mais le gouvernement veut le fusionner avec le 3020, qui ne s'occupe lui que du harcèlement scolaire. Dans les faits, souvent les violences se déroulent à la fois dans la cour de récréation, et sur le téléphone portable. Au téléphone, une écoutante demande : "Ce groupe Snapchat qui a été créé où tes photos intimes ont été diffusées, tu as son nom d'utilisateur ?"

Une affiche dans les locaux du 3018. (NOÉMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

L'expertise du 3018 est de pouvoir solliciter directement les grandes plateformes TikTok, Snapchat ou Instagram pour faire supprimer les contenus qui posent problème. Cela peut prendre moins d'une heure comme plusieurs jours. L'association peut aussi contacter les référents harcèlements de l'Éducation nationale dans les académies, quand les familles considèrent ne pas être assez écoutées par les chefs d'établissements.

Des victimes de plus en plus jeunes

La plateforme croule sous les appels. Il y a près de 150 appels par jour, décrit Justine Atlan, directrice du 3018, et la hausse est constante depuis quelques années : "Il y a eu un effet d'accroissement assez important à la suite du premier grand confinement de 2020."

"Depuis le confinement, on a vraiment une croissance exponentielle, chaque mois est un nouveau mois record en termes de nombre d'appels."

Justine Atlan, directrice du 3018

à franceinfo

L'annonce du plan contre le harcèlement scolaire, par la Première ministre fin septembre, a également fait augmenter encore le nombre de sollicitations. Le fait de parler de ce sujet dans le débat public encourage les jeunes, les familles, à appeler à l'aide.

Une hausse de 83% d'activité en un an

"Sur le mois d'octobre 2023, on a eu hausse 83% de l'activité par rapport à l'année dernière à la même période", détaille Samuel Comblez, directeur des opérations du 3018. Il constate que les victimes sont de plus en plus jeunes : "Majoritairement ce sont des adolescents, cependant on voit qu'il y a un rajeunissement de nos utilisateurs avec de plus en plus d'utilisateurs harcelés dans nos écoles primaires. Ça a l'air d'être une tendance qui se confirme."

Face à cette activité l'association e-enfance réclame plus de moyens pour répondre aux victimes.

Le 3018, la plateforme qui aide les enfants contre le harcèlement : le reportage de Noémie Bonnin

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