"Des élèves très bien avancés en lecture", dans les nouvelles classes de CP dédoublées
En septembre, le ministre de l'Education avait fixé comme objectif que tous les enfants sachent lire à Noël, dans les classes de CP dédoublées, à douze élèves ou moins. Vérification à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines.
En septembre dernier, le dédoublement de 2 500 classes de CP dans les quartiers les plus défavorisés, en Rep+, une promesse d'Emmanuel Macron, a été concrétisée, non sans mal parfois sur le plan matériel. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, avait alors souhaité que tous les enfants concernés sachent lire à Noël. Qu'en est-il à quelques jours de la fin du premier trimestre ? La vérification a été menée par franceinfo à l'école Jean-Jacques Rousseau de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines.
Ambiance calme dans une classe aux divers ateliers
Ce qui frappe en entrant dans la classe de CP de Karim Chaal et de ses onze élèves, c'est le calme. Le climat semble serein, apaisé, propice au travail et à la lecture. La salle est divisée en ateliers, en ilots avec un coin lecture, un secteur pour l’écriture, un endroit pour les arts visuels. Un banc où s’assoient les élèves a été disposé face au tableau.
Les enfants savent-ils lire ? Avec le regard de plus de 20 ans d'expérience, le maître est plutôt impressionné. "Ils sont très bien avancés dans la lecture. Je suis même persuadé qu’ils sont plus avancés que s’ils avaient été à 24 depuis le début de l’année", dit-il avec satisfaction.
Je pense qu'ils pourront faire leur liste de jouets pour le père Noël.
Karim Chaal, enseignant de CP dans une classe dédoubléeà franceinfo
Dans cette école située au cœur du quartier du Val Fourré, un quartier difficile, les élèves arrivent souvent en cours préparatoire avec des retards, notamment sur le langage. À la rentrée dernière, les deux classes de CP se sont transformées en quatre classes de 10 ou 11 élèves.
Les quatre enseignants, tous volontaires, saluent aujourd'hui ce nouveau dispositif. "On accorde beaucoup plus de temps à chacun", dit un professeur des écoles. "On travaille beaucoup plus vite. Et on a le temps de travailler sur leurs difficultés. On peut s’arrêter et prendre le temps, en cas d'incompréhension", ajoute l'une de ses collègues.
Des méthodes de travail repensées
Les enseignants ont dû changer leurs méthodes de travail, pour gagner en efficacité. On ne peut pas enseigner à 11 ou 12 élèves comme on enseignait à une classe entière, explique une institutrice.
Il faut repenser toutes les activités, diversifier, faire des ateliers qu’on ne faisait pas avant. Ce n’est pas la planque ! Si on y va pour se planquer, ce n’est pas la peine…
Une enseignante de CP dédoubléà franceinfo
Les élèves nous interpellent tout le temps, remarque un professeur des écoles, ajoutant que l'inverse est vrai : les enseignants sollicitent aussi énormément les enfants. Le directeur de l'école Jean-Jacques Rousseau, Moussa Guerrouache, admet que la cadence a dû être ralentie.
Ça avance vite, la fatigue est apparue, il a fallu ralentir un peu.
Moussa Guerrouache, directeur d'école à Mantes-la-Jolieà franceinfo
Après trois mois de mise en place du dédoublement, les enseignants de l'école Jean-Jacques Rousseau ont toutefois quelques bémols à formuler.
Pour des élèves, que l’on soit à 12 ou à 24, le dispositif n’apportera pas plus d’aide, parce qu’ils ont un profil très particulier, qui relève plutôt de l’aide spécialisée.
Un professeur des écoles, enseignant en CPà franceinfo
L'ambition d'afficher un acquis complet
À quelques jours de Noël, la majorité des élèves sait lire. Toutefois, le directeur de l'école, Moussa Guerrouache, reste prudent sur le résultat global attendu.
La plupart des élèves savent décoder, mais on sait que la lecture est un processus complexe. C’est de la compréhension, des références, de l’implicite. Tout ce travail est mené et à mener dans les classes.
Le directeur de l'école Jean-Jacques Rousseau à Mantes-la-Jolieà franceinfo
Pour consolider ces acquis, en septembre prochain, le ministère de l'Education a promis de commencer à étendre le dédoublement aux classes de CE1 des zones REP+. À l'école Jean-Jacques Rousseau de Mantes-la-Jolie, cela signifierait deux classes supplémentaires, mais les enseignants redoutent de ne pas pouvoir en bénéficier. Il n'y a plus assez de salles disponibles.
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