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"C’était un prof en or": le choc et l'incompréhension après le suicide d’un professeur dans le Val-d’Oise

Après le suicide d’un professeur des écoles, contre lequel une mère d’élève avait porté plainte pour violences aggravées sur son fils, l’émotion est forte sur la commune d’Eaubonne, dans le Val d’Oise, où il exerçait.

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Message sur la porte du groupe scolaire Flammarion, dans le Val-d'Oise. (ANTOINE GUITTENY / MAXPPP)

Il s'appelait Jean Willot. Il y a dix jours, ce professeur des écoles d'Eaubonne, dans le Val-d'Oise, s'est suicidé, après avoir appris qu'une mère d'élève avait porté plainte contre lui pour violences aggravées sur son fils, scolarisé en CP. Des accusations qu'il contestait. L’homme s’est donné la mort le jour de son rendez-vous avec l'inspection. Depuis, l'émoi est très fort parmi les enseignants, un peu partout en France. Le ministre de l'Education a d'ailleurs exprimé lundi sur Twitter ses "pensées" pour Jean Willot.

"Mon fils n’a pas pu aller à l’école le lendemain"

À Eaubonne, sur le portail de l'école Flammarion, deux bouquets sont accrochés, avec quelques mots : "Merci pour tout monsieur." À la sortie de l’école, Antoinette et Sana, mamans d’élève, sont encore toute bouleversées : "C’est dur, surtout pour les enfants qui sont passés chez lui, explique l'une. Tout le monde est sous le choc. C’était quelqu’un de bien, de passionné." "C’était un prof en or", assure l’autre. "À la rentrée, il demandait de nos nouvelles, même si nos enfants n’étaient pas dans sa classe", se souvient la première, qui évoque "un prof unique". "C’était pas un prof comme les autres, conclut sa voisine. Mon fils n’a pas pu aller à l’école le lendemain."

Le choc, l'incompréhension et une question : comment en est-on arrivé là ? Les parents rencontrés l'assurent : Jean Willot était tout sauf violent. Dans les écrits qu'il a laissés, l'enseignant de 57 ans explique ne pas comprendre l'origine de cette plainte. À ses proches, il a parlé d'une simple punition verbale, sans aucune violence, comme l'affirme pourtant la famille du petit garçon, que franceinfo n'a pas pu joindre.

"Je ne me sens pas d’affronter cela"

Fabienne, collègue et amie de l'instituteur, est en arrêt depuis le jour du drame. Elle n’est pas certaine du tout de revenir travailler un jour. "Je n’ai pas envie d’affronter la douleur des enfants, confie-t-elle. J’ai des échos à droite, à gauche : ils ne vont pas bien, tout le monde est blessé. Je ne me sens pas d’affronter cela. Je me pose plein de questions. Je suis heureuse quand je suis en classe, c’est magique des enfants." 

Je n’ai pas envie de risquer de faire la même chose. On fait le travail du mieux que l’on peut, mais je ne suis pas sure que le jeu en vaille la chandelle.

Fabienne

à franceinfo

Fabienne participera à la marche blanche en hommage à Jean Willot, prévue dimanche, comme beaucoup de parents, pour soutenir sa famille, mais aussi porter un message : "Plus jamais ça ! Aujourd’hui, indique Grégoire Dublineau, il importe de retrouver le respect de l’autorité enseignante, de retrouver le respect de celles et ceux qui se donnent à fond pour leur métier." Aujourd’hui on porte plainte pour un oui ou pour un non, déplore-t-il. Il faut savoir ce que cela veut dire. Ce que cela peut avoir comme conséquence." Dimanche, l’édile promet beaucoup de monde dans les rues de sa ville…

Le choc et l'incompréhension après le suicide d’un professeur dans le Val-d’Oise

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