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Angers : des étudiants des Arts et métiers brûlés lors d'un rituel d'intégration

L'Inspection générale a ouvert une enquête, après que seize étudiants en première année ont été brûlés pendant une cérémonie appelée "illusion de tatouage", en octobre.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Entrée de l'Ecole nationale supérieure des Arts et métiers (Ensam), à Angers, le 18 décembre 2017. (MAXPPP)

La "période de transmission des valeurs" a dérapé. Seize étudiants ont été brûlés avec des cuillères chauffées à blanc, pendant une cérémonie d'intégration, en octobre, à l'Ecole nationale supérieure des arts et métiers (Ensam) d'Angers (Maine-et-Loire). "La direction de l'Ensam d'Angers a contacté le ministère dès les faits connus", affirme le ministère de l'Enseignement supérieur. L'Inspection générale de l'administration a ouvert une enquête, annonce l'AFP, mardi 19 décembre. Ses conclusions sont attendues pour fin janvier.

"Il y a un mythe qui veut que chaque gadz’art [le surnom que se donnent les étudiants] a le numéro de sa famille tatoué sur la fesse", selon le directeur général de l'Ensam, Laurent Champaney, cité par Le Monde. Lors d'un rituel appelé "illusion de tatouage", "on fait croire aux première année qu’on va les tatouer", en passant un glaçon sur la peau, pour simuler une brûlure. Mais le 11 octobre, "ils n’avaient pas de glaçons pour simuler la brûlure, alors ils ont fait chauffer des manches de cuillère" pour "reproduire la sensation de chaleur", poursuit Laurent Champaney. Et cette sensation a laissé des traces, selon Le Monde, qui a pu consulter des photos des brûlures.

Aucune plainte n'a été déposée

L'école a suspendu "la période de transmission des valeurs sur tous les sites". Dans un communiqué, elle dit aussi informer "chaque année les étudiants de la stricte interdiction et des conséquences – y compris pénales – de toute pratique de bizutage". Jean Quessada, directeur de l’Ensam depuis 2015, également cité par Le Monde, ne voit toutefois dans cet incident pas "d'actes dégradants, de harcèlement ou d’humiliation". Mais le Comité national contre le bizutage n'est pas de cet avis. "C'est l'escalade. Avant, il y avait une pression psychologique. Là, ce sont carrément des sévices. Comment est-ce que, dans une grande école comme ça, on peut encore faire ça ?" a réagi sa présidente, Marie-France Henry, auprès de l'AFP. "C'est quoi alors ? C'est de la torture, tout simplement", s'insurge-t-elle. Elle réclame "une condamnation en justice".

Aucune plainte n'a été déposée au parquet d’Angers, ni par les élèves, ni par leurs familles, ni par l’établissement. L'école, qui a déjà connu de douloureux précédents, a par ailleurs essayé de garder l'affaire entre ses murs. Deux mails internes signés par Laurent Champaney en témoignent, selon Le Monde. "En attendant d’y voir clair sur ce qui s’est réellement passé, il est essentiel que nous observions collectivement une attitude responsable. Je vous demande en particulier d’éviter toute communication en interne ou externe et de vous retourner vers vos directions en cas de sollicitation", écrit le directeur général.

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