Présence des femmes dans les médias : "Il faudrait que les dispositions législatives soient un peu plus exigeantes"
Sylvie Pierre-Brossolette, ancienne membre du Conseil supérieur de l'audiovisiuel a réagi sur franceinfo à l'étude de l'INA montrant que les femmes parlent deux fois moins que les hommes dans les médias.
Les femmes parlent deux fois moins que les hommes dans les médias français, selon une étude de l'INA publiée lundi 4 mars et basée sur l’analyse de 700 000 heures de programmes par une intelligence artificielle, une première. "Il faudrait que les dispositions législatives soient un peu plus claires et un peu plus exigeantes", a déclaré sur franceinfo Sylvie Pierre-Brossolette, journaliste, ex-membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel chargée du pluralisme.
Celle qui pilote aujourd'hui le projet de Cité de l'égalité et des droits des femmes à la Fondation des femmes, a estimé que "des progrès ont été faits" mais qu'ils "se font lentement". Pour elle, on "est arrivés à une sorte de plafond de verre".
franceinfo : Que pensez-vous de ces résultats ?
Sylvie Pierre-Brossolette : Les résultats concordent avec ceux que nous avions qui n'étaient pas faits avec la même méthodologie. Les conclusions se rejoignent. C'est que les femmes sont encore largement minoritaires dans les médias. C'est très inquiétant parce que cela contribue à forger les mentalités. Comment voulez-vous que des téléspectateurs ou des auditeurs aient une idée claire de ce que doit être leur comportement en termes d'égalité hommes-femmes quand ils sont imprégnés par les médias qui leur donnent une vision du monde où il y a un tiers de femmes ? C'est un souci.
Pourquoi n'arrive-t-on pas à atteindre une égalité ?
Il faut reconnaître que des progrès ont été faits. L'étude le montre. C'est monté de plus de neuf points à la radio et de près de cinq points à la télévision. Donc, il y a des progrès qui se font lentement. Mais je pense qu'on est arrivés à une sorte de plafond de verre. Il y a maintenant une régression du secteur privé. Si le secteur public continue à faire une évolution positive, le privé ce n'est pas le cas. Il faudrait renforcer les dispositions qui existent déjà pour crever ce plafond de verre parce qu'il y a un moment où on atteint les limites de ce que l'on peut faire volontairement.
Où se situent les résistances ?
Dans les habitudes prises, dans les clichés. Cette étude dit en nombre d'heures combien les femmes parlent, mais elle ne dit pas combien de temps elles parlent d'économie ou de technique ou de sciences. Il faudrait une étude qualitative et on verrait que c'est encore pire. Il faudrait absolument inciter les médias à faire encore plus, même s'il y a eu un progrès. Beaucoup sont encore à la traîne. Je pense qu'il faudrait que les dispositions législatives soient un peu plus claires et un peu plus exigeantes. Pour l'instant, les chaînes ne sont obligées que de déclarer leurs chiffres et cela en reste là.
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