Nabil Ayouch, réalisateur de "Razzia": "Aujourd’hui, c’est très dur d’être une femme célibataire au Maroc"
Dans son dernier film "Razzia, en salles actuellement, le réalisateur marocain Nabil Ayouch raconte le combat de femmes marocaines pour plus de liberté et d’égalité.
Nabil Ayouch constate le recul de la place de la femme dans la société marocaine. Dans l’économie, car "il y a de moins en moins de femmes qui travaillent" comme en politique, où le réalisateur note : "Il y a quinze, vingt ans, on voyait des femmes ministres à des postes importants. Aujourd’hui, elle sont au mieux secrétaires d’État."
Selon lui, les pires ennemies de femmes sont aussi … les femmes. Il prend l’exemple des manifestations pour l’égalité dans l’héritage de 2015, lors desquelles des femmes défilaient en tête de cortège "contre leurs propres droits". D’où l’importance, pour lui, d’avoir "des exemples de femmes qui mènent ces combats au grand jour", comme Salima, l’héroïne de son film.
Des avancées insuffisantes
Pour Nabil Ayouch, le mouvement #MeToo n’a pas eu la même force au Maroc: "Il y a des femmes qui ont témoigné dans les journaux marocains de scènes de harcèlement qu’elles ont subi, mais sans véritablement que ça aille plus loin."
Il admet cependant qu’"il y a des avancées". Il évoque notamment la suppression, en 2014, de l’article 475 du Code pénal marocain qui permettait qu’un violeur épouse sa victime afin de ne pas être poursuivi. Concernant la loi sur le harcèlement sexuel qui a récemment été promulguée, il considère qu’"elle ne va pas assez loin". Le texte de droit n’évoque pas la problématique du viol conjugal, "qui représente le cas le plus répandu de violences faites aux femmes" selon le réalisateur.
"Un clivage très fort entre deux schémas de société"
Nabila Ayouch constate le clivage entre "un schéma de société qui veut nous ramener en arrière et mettre des interdits, des tabous à chaque coin de rue, nous contraindre, nous restreindre" et un autre, constitué de "gens qui ont envie de se projeter vers l’avant". Et même si ces derniers, dont estime faire partie le réalisateur, sont minoritaires, celui-ci note que "les grands changements dans l’histoire de l’humanité, ils ont été menés par des minorités". De quoi avoir de l’espoir, et "ne rien lâcher".
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