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Quatre questions sur les inégalités salariales qui subsistent entre les femmes et les hommes

Selon la lettre d'information Les Glorieuses, les femmes commencent cette année à "travailler gratuitement" depuis lundi à 11h25.
Article rédigé par franceinfo - Lise Roos-Weil
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Illustration inégalité salariale entre les hommes et les femmes. (DYLAN MEIFFRET / MAXPPP)

Depuis 11h25 ce lundi 6 novembre et jusqu'à la fin de l'année, les femmes françaises travaillent gratuitement. C'est le constat des Glorieuses : chaque année, la newsletter féministe fait ce calcul pour alerter sur les inégalités entre les femmes et les hommes. Selon le média en ligne, les femmes françaises "pourraient s'arrêter de travailler le 6 novembre à 11h25, si elles étaient payées avec un taux horaire moyen similaire aux hommes tout en gagnant ce qu'elles gagnent aujourd'hui, toujours en moyenne, à l'année". Quelle est la situation actuelle ? Comment s'explique cet écart ? Est-ce que la situation s'améliore ?

1 Combien les femmes gagnent-elles de moins que les hommes ?

Les femmes touchent en moyenne 15% de moins que les hommes, à temps de travail égal, d'après les derniers chiffres de l'Insee et d'Eurostat, l'organisme de statistiques de l'Union européenne. Cela correspond, d'après les calculs du média féministe Les Glorieuses, à un peu moins de 39 jours non payés dans l'année, presque deux mois de travail.

Symboliquement, les femmes en France travaillent donc pour rien à partir du 6 novembre à 11h25. Cet écart de salaires est calculé à temps de travail égal et tous postes confondus.

2 Comment s'explique cet écart ?

D'abord, les femmes exercent souvent des métiers moins rémunérateurs, notamment dans le médico-social, le nettoyage ou encore le secrétariat. Elles sont aussi moins nombreuses dans les postes de direction. Mais l'écart de salaire est encore plus important si on considère toutes les durées de travail. Dans ce cas, les femmes gagnent 24% de moins que les hommes en moyenne dans le secteur privé, selon l'Insee, cela s'explique notamment par le travail à temps partiel subi. Soit parce que les femmes n'ont pas trouvé d'autres contrats, soit parce qu'elles doivent garder les enfants.

Même à poste égal et à temps de travail égal, il y a encore un écart d'environ 4%. Cela peut s'expliquer par les diplômes, l'ancienneté, ou des discriminations dans l'entreprise. "Il est temps de passer la seconde", a réagi Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, sur France Inter.

3 Est-ce que la situation s'améliore ?

En 2022, les femmes travaillaient symboliquement gratuitement à partir du 3 novembre, donc trois jours plus tôt. Il s'agit d'une petite amélioration en 2023. "Cela fait huit ans qu'on fait ce calcul, ça varie très peu, il y a une vraie stagnation", observe auprès de l'AFP Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses. La newsletter est à l'origine d'une pétition pour réclamer la mise en place de trois politiques publiques visant à favoriser l'égalité salariale.

Si on regarde sur ces 30 dernières années, d'après l'Insee, l'écart entre les femmes et les hommes, à temps de travail égal, a été réduit de 7 points. On était à 22% en 1995, 15% aujourd'hui. Une baisse qui s'explique notamment par le nombre croissant de femmes aux postes de cadres.

4 De quel nouvel outil disposent les femmes ?

En 2023, il existe un nouvel outil pour les femmes pour tenter de réduire ces inégalités. Les femmes peuvent désormais demander à consulter les bulletins de salaire de leurs collègues masculins, à poste comparable. La Cour de cassation a rendu une décision en ce sens le 8 mars : la juridiction a donné raison à une salariée, qui avait demandé à pouvoir consulter le bulletin de paie de huit de ses collègues, pour dénoncer une inégalité. La cour de cassation a considéré que cette demande de documents était "indispensable" pour obtenir l'égalité de traitement entre les hommes et les femmes.

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