: Reportage "On va les prendre en tenaille" : on a suivi la CRS 82 sur une opération de lutte contre le trafic de drogue à Nantes
On les appelle les "CRS de nouvelle génération". Quatre brigades existent aujourd'hui, et une cinquième doit bientôt voir le jour. Plus rapides, mieux équipées, mieux entraînées... Ces compagnies républicaines de sécurité spécialisées dans les violences urbaines seront mobilisables pour la nuit du réveillon, mais leur quotidien actuellement est surtout la lutte contre le trafic de drogue.
Il est 16 heures en cette fin décembre 2023 à Nantes. Les 38 hommes de la CRS 82, dirigés par le commandant Marc Prod’homme, le patron de cette nouvelle compagnie passé par la CRS 8, première de ces unités de nouvelle génération, débutent les opérations. "Ce n'est pas comme à Marseille, où on avait vraiment des points de deal bien caractérisés dans le quartier, explique le commandant. Là, c'est réparti un peu partout, donc c'est un peu plus compliqué pour investir tous les points simultanément."
"On s'adapte aux points de deal. Les dealers s'adaptent à nos tactiques d'intervention. Ce qu'il va se passer aujourd'hui ne sera pas forcément vrai demain."
Commandant Marc Prod’homme, le patron de la CRS82à franceinfo
"Ce qu'on va mettre en place aujourd'hui, on va peut-être revoir notre copie demain pour réorganiser notre mode d'intervention", ajoute Marc Prod'homme.
Première étape de l'opération : le quartier Bellevue. "Lui à gauche sur la trottinette !", lance un des policiers. "Ça court ! Ça court !", renchérissent des collègues, qui parviennent finalement à interpeller le suspect. "Il a été contrôlé et trouvé en possession d'une bonne quantité de produits stupéfiants : cannabis, cocaïne, ainsi qu'une grosse somme d'argent. On pense que c'était le charbonneur, c'est lui qui apporte le produit stupéfiant au vendeur et qui récolte ensuite la recette d'une partie de la journée", décrypte le commandant.
"Ils viennent, ils partent, ils reviennent, ils repartent"
Quartier Nord, Bottière, Malakoff… La CRS 82 enchaîne les opérations coups de poing, guidée par la Bac, la brigade anticriminalité. "Avec le premier groupe, on va arriver par devant, et votre deuxième groupe restera 30 secondes derrière pour faire une tenaille, détaille un policier avant la prochaine intervention. On peut mettre la canine avec le deuxième groupe." La brigade canine, ce sont ces chiens des Stups qui reniflent véhicules, cages d’escalier et buissons et tentent de repérer les "appartements nourrices", où est cachée la drogue.
Il est 20h30 et après quatre heures d’intervention au pas de charge, la radio crachote : "A tous les effectifs, fin d'opération". Bilan : deux gardes à vue, 127 grammes de cannabis saisis, 13 grammes de cocaïne, 1 320 euros en liquide aussi.
La journée a été plutôt calme, sous le regard d’habitants parfois désabusés. "Ils viennent, ils partent, ils reviennent, ils repartent. Et puis c'est tout, constate un homme. Ils sont là et puis après c'est fini, ça recommence." Un jeu du chat et de la souris et un objectif fixé par le ministre de l’Intérieur : harceler les points de deal, et donner de la visibilité aussi aux forces de l’ordre dans ces quartiers dits de "reconquête républicaine".
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