"Quand on ne prend pas le problème à la racine, on fait de la communication" : le plan anti-drogue du gouvernement jugé insuffisant
Selon la porte-parole d'un collectif de femmes des quartiers Nord de Marseille et un sociologue, les mesures annoncées mardi matin sont insuffisantes.
Lutter contre le trafic de drogue "de l'international à la cage d'escalier". Le ministre de l'Intérieur a présenté mardi 17 septembre un plan d'envergure pour lutter contre les stupéfiants. Depuis Marseille, Christophe Castaner a annoncé la création d'un office anti-stupéfiants, l'Ofast, mais aussi une plateforme téléphonique pour signaler les points de vente de son quartier. Des mesures insuffisantes et qui ne changeront pas la donne selon un collectif de femmes des cités de Marseille.
"Ca ne sert à rien de faire des plans"
Selon Fatima Mostefaoui, présidente de l’association Pas Sans Nous 13, "cela fait des années que les ministres de l'Intérieur viennent à Marseille et ce n'est pas pour ça qu'on a résolu le problème". Selon elle, la lutte contre la drogue ne va pas dans le bon sens. "Ce qui entraîne tout ça, c'est la pauvreté, le chômage, le manque de formation. Le problème doit être pris de ce côté-là. Ça ne sert à rien de faire des plans", déplore-t-elle.
On ne donne pas d'avenir et d'espoir aux gamins. Le fait d'habiter dans des quartiers aussi abandonnés, les pouvoirs publics ferment, les écoles ne sont pas très exemplaires
Fatima Mostefaouià franceinfo
Fatima Mostefaoui estime que ces campagnes de prévention et de sensibilisation auront peu d'impact sur les jeunes. "Il faut juste investir", exhorte-t-elle. C'est d'ouvrir les portes aux jeunes avec des formations, de l'éducation. Il y a plein de choses qui peuvent leur donner une autre vision que le cannabis". La porte-parole d’un collectif de femmes des cités de Marseille rappelle d'ailleurs d'une première fabrique numérique va ouvrir dans les quartiers Nord. "On en est fiers".
Un plan pas si novateur
Selon le sociologue Michel Kokoreff, ce plan présenté par le gouvernement n'est pas le premier du genre. "Toucher aux portefeuilles des dealers, des trafiquants, ce n'est pas nouveau, explique-t-il. Rapprocher le parquet des douaniers des services de police, ce n'est pas nouveau, ça s'appelle les GIR, les groupes d'intervention régionaux. Ils ont été initiés par Nicolas Sarkozy au début des années 2000". Selon lui, la présentation est "évidemment une opération de communication".
Michel Kokoreff estime, comme Fatima Mostefaoui, que le problème n'est pas traité de manière efficace avec ces nouvelles mesures. "Pourquoi les réseaux de trafiquants attirent des jeunes ? Parce qu'ils trouvent là un moyen de gagner quelques sous et d'être quelqu'un parce que ce sont des gens qui sont en échec scolaire".
Quand on ne prend pas le problème à la racine on fait de la communication. Moi, je n'entends rien sur les causes sociales
Michel Kokoreffà franceinfo
Selon Michek Kokoreff, afficher une plus grande fermeté ne se révélera pas forcement efficace. Il compare la situation aux États-Unis dans les années 60 où l'État a lutté sans relâche. 'Depuis une dizaine d'années, les plus hautes instances internationales ont souligné l'échec de cette guerre à la drogue parce que toutes les dimensions, notamment les dimensions sociales, ne sont pas prises en compte", conclut-il.
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