Des élus locaux veulent relancer le débat sur les statistiques ethniques
"Un pays qui pratiquait la ségrégation raciale il y a 65 ans, et qui a finalement élu un président noir peut être considéré comme un modèle"... De retour des Etats-Unis, dix membres de l'association des élus locaux pour la diversité en sont certains : il faut des statistiques ethniques (statistiques qui prennent en compte l'origine ou la communauté d'appartenance des individus).
_ Faten Hidri, conseillère régionale du Parti radical en Ile-de-France, explique que "si on ne peut pas compter, on ne peut pas remédier aux différentes discriminations. On veut avoir une vision des situations inégalitaires". Faten Hidri et son association entendent lancer un grand débat sur le sujet à la rentrée, interpeller notamment les candidats à la présidentielle.
Pour le moment les statistiques ethniques sont, par principe, proscrites en France. Selon Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire nationale du PS en charge des questions de société, elles ne sont pas nécessaires : "une pratique discriminatoire doit être dénoncée et condamnée dès lors qu'elle touche un seul individu, il n'y a pas besoin de savoir qu'elle touche 10.000 personnes pour la trouver insupportable".
_ Si Nicolas Sarkozy avait, un temps, voulu promouvoir ces statistiques ethniques, l'UMP est désormais plus frileuse. Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe du parti, y voit une boîte de Pandore : "mettre en place un système de différenciation, c'est rentrer dans le système de ghettoïsation".
Le débat semble donc devoir tourner court, même si la question divise dans chaque camp. Et même si des dérogations à l'interdiction sont déjà accordées à certains chercheurs. François Héran, le directeur de l'Institut National des Etudes Démographiques (INED), propose que le recensement officiel recueille aussi des informations sur le pays de naissance des parents.
Jérôme Jadot
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