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"On ne veut pas être les dindons de la farce" : l'amertume des députés LREM après la polémique sur le congé de deuil parental

Déjà secoués par une succession de crises, beaucoup d'élus de la majorité ne digèrent pas les critiques qui les visent, surtout celles venant de l'Elysée. Ils estiment avoir retoqué une proposition "mal ficelée".

Article rédigé par franceinfo - service politique
France Télévisions
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Des députés quittent l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 23 juillet 2019. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Malaise en macronie. Le rejet, jeudi 30 janvier à l'Assemblée nationale, d'une proposition UDI-Agir qui visait à porter à 12 jours (au lieu de cinq) le congé parental après la mort d'un enfant n'en finit pas de jeter le trouble parmi les députés de la majoritéDéjà secoués par une succession de crises, des "gilets jaunes" aux grèves contre la réforme des retraites, beaucoup d'entre eux refusent d'être "les dindons de la farce", alors qu'ils estiment avoir voté contre la proposition de loi parce que celle-ci était "mal faite", rapportent mardi 4 février plusieurs élus auprès du service politique de France Télévisions.

"Le vote a été mal interprété"

"Beaucoup de députés ne regrettent pas leur vote et ne comprennent pas ce repli défensif. Le texte était mal foutu. Le problème c'est qu'on l'a reçu trop tard, on n'a pas été en mesure de proposer autre chose et le vote a été mal interprété", détaille ainsi un député LREM. "On est en pleine réforme des retraites et on a parlé exclusivement de ça. Il y avait besoin d'un exutoire collectif", ajoute cet élu.

"Ça n'était pas une erreur de vote. Ce texte nous l'avions travaillé. (...) Nous n'avions pas anticipé que seule la question du nombre de jours de congés serait retenue par les médias", a aussi estimé Gilles Le Gendre, chef de file du groupe LREM, indiquant que la majorité allait désormais se pencher de nouveau sur la question.

"On nous prend pour des ultra-libéraux, mais c'est tout le contraire. C'est la solidarité nationale qui doit payer [pour le congé parental], pas les entreprises", abonde une autre élue.

"Deux camps : les humains et les salauds"

Un sentiment d'"amertume" renforcé par l'intervention, samedi, d'Emmanuel Macron, qui a demandé à sa majorité de "faire preuve d'humanité""Après l'emploi de ce mot, on a eu l'impression d'être divisé en deux camps : les humains et les salauds", regrette un autre marcheur.

"Une part de responsabilité vient du gouvernement. Je l'assume", a tenté d'apaiser Edouard Philippe lors d'une réunion du groupe majoritaire tendue, mardi, fustigeant néanmoins les critiques à l'encontre de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. "Les attaques ad hominem ne sont pas dignes", a-t-il martelé sous les applaudissements de la plupart des députés présents. "Ceux qui s'en prennent à Muriel, je leur dis merde. C'est moi le responsable, parce que je suis le chef du gouvernement."

Pas sûr néanmoins que cela suffise à calmer la majorité. "Les collègues ne vont pas bien. Ils sont éprouvés, fatigués des menaces et des injures. On en a gros", estime un autre élu. "Certains se demandent ce qu'ils sont venus foutre là. Il faut vraiment avoir l'intérêt général chevillé au corps."

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