Avec Lazare Ponticelli, la France rend hommage à tous ses poilus
"Pas de tapage important ni de grand défilé." Longtemps réticent à recevoir à sa mort les hommages de la Nation, Lazare Ponticelli a finalement accepté, à certaines conditions. Le dernier poilu a refusé l'entrée au Panthéon, lui préférant le caveau familial, à Ivry-sur-Seine, et n'a consenti qu'à "une messe aux
Invalides en hommage à mes camarades morts dans cette horreur de la
guerre".
Ce ne sera donc pas sa mémoire, mais celle de tous les soldats français engagés dans 51 mois de guerre terrible qui sera commémorée lundi aux Invalides, à Paris. Les funérailles seront présidées par Nicolas Sarkozy, qui dévoilera une plaque à la mémoire de l'ensemble des combattants de la guerre de 1914-1918.
Des combattants - paysans, ouvriers, instituteurs - qui portent encore aujourd'hui dans la mémoire collective française des valeurs de bravoure, de sacrifice.
Des soldats qui sont associés aussi à l'idée de victoire, de devoir accompli, de sauvegarde de la Nation face à la menace ennemie.
_ Ce qui explique en partie que la mémoire des "poilus" soit plus forte en France qu'en Allemagne, où le dernier vétéran de la Grande Guerre s'est éteint le 1er janvier dernier dans la plus grande indifférence. Il s'appelait Erich Kästner, il avait 107 ans.
Ne reste aujourd'hui dans le monde que huit personnes ayant combattu durant la Première guerre mondiale, selon le décompte d'un site spécialisé, Derdesders.
Une génération disparue, qui pose aujourd'hui la question de la transmission. Comment parler de la Grande Guerre quand tous ses témoins ont disparu ? Comment continuer à commémorer le 11 novembre ?
Après le débat autour des enfants victimes de la Shoah, la France se pose une nouvelle fois la question de la mémoire. Trop tard ? Oui, selon Lazare Ponticelli. Celui qui s'était engagé à 16 ans estimait que le travail de mémoire avait été entrepris trop longtemps après la fin de la guerre. "Ils
auraient dû faire ça avant que les gens ne soient morts et ne puissent plus parler".
Céline Asselot
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.