Après la mort de Stéphane Hessel, les Indignés orphelins
Indignez-vous ! : un fascicule de 32 pages, écrit par un certain
Stéphane Hessel, ancien résistant, diplomate dont on dit qu'il a participé à
l'écriture de la Déclaration des Droits de l'Homme à l'ONU (il a en fait
expliqué qu'il n'a pas participé directement à la rédaction du texte). Un petit
livre, sorti le 21 octobre 2010, tiré à 8.000 exemplaires par une modeste
maison d'édition, Indigène, basée à Montpellier.
En deux ans, Indignez-vous
! s'est écoulé à plus de quatre millions d'exemplaires et a été traduit en
quelque 35 langues. Le grand public a adhéré à ce manifeste fidèle aux valeurs
du Conseil national de la Résistance, où Stéphane Hessel s'en prend aux
inégalités grandissantes entre très riches et très pauvres, à la course au
"toujours plus ", au pouvoir de la finance. "Les
raisons de s'indigner aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du
nazisme. Mais cherchez et vous trouverez ", assuraient les éditeurs du
livre.
Des "Indignados "
à "Occupy Wall Street "
Indignez-vous ! sort dans un contexte international particulier :
deux mois plus tôt, des révolutions ont bouleversé la Tunisie et l'Egypte. Dans
son livre, Stéphane Hessel appelle la jeunesse à une "révolte
pacifique ". Son propos va trouver un écho dans la jeunesse de plusieurs
pays d'Europe, et d'abord l'Espagne. Le 15 mai 2011, après une manifestation
dans les rues de Madrid, plusieurs centaines de personnes décident spontanément
de ne pas se disperser. Pendant des semaines, ils campent au pied de la Puerta
del Sol. Leur nom ? Le mouvement des Indignés (Indignados en Espagnol).
Leur chef ? Ils n'en ont pas, mais revendiquent la filiation avec les idées
d'Hessel.
Petit à petit, le
mouvement prend dans d'autres villes : Barcelone, Athènes... et jusqu'à New York,
où le mouvement prend le nom d'Occupy Wall Street. Ils adaptent le propos de
Stéphane Hessel avec pour idée-force la représentation des 99% de la population
face au 1% le plus riche. En France, le mouvement des Indignés s'est moins
enraciné. Le 15 octobre 2011, jour d'appel mondial à la manifestation des
Indignés, seuls 2.000 Français sortent dans la rue, contre plusieurs dizaines
de milliers à Rome et 500.000 à Madrid.
Une pensée qui perdure
sur Internet
Deux ans plus tard, que
reste-t-il des Indignés ? Concrètement, les sit-in ont été petit à petit levés,
comme à Madrid, ou évacués par les forces de l'Ordre, à New-York par exemple.
Mais les idées et les réflexions des indignés continuent d'avoir cours,
notamment sur Internet, via de nombreux sites. Stéphane Hessel, quant à lui, a
continué à publier des ouvrages dans la même veine qu'Indignez-vous :
Engagez-vous en mars 2011, ou encore A nous de jouer , qui paraîtra à titre
posthume la semaine prochaine. Stéphane Hessel y appelle les "indignés de
cette Terre " à agir pour un "monde social ".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.