: Vidéo Croix gammée sur la porte, menaces de mort... témoignage sur l'antisémitisme au quotidien
En février 2019, les Français ont découvert, stupéfaits, des portraits de Simone Veil barrés d'une croix gammée. C'est à la même période que la fille d'Olivier, 16 ans, a reçu une lettre signée "vive Hitler" où elle est menacée de mort. Il témoigne dans un reportage d'"Envoyé spécial" sur l'antisémitisme au quotidien.
En février 2019, une série d'actes antisémites a révolté la France. Des portraits de Simone Veil ont été tagués d'une croix gammée, un cimetière juif profané en Alsace. Y a t-il une banalisation de ces propos haineux ? Comment les victimes vivent-elles cet antisémitisme ordinaire ?
C'est à la même période qu'Olivier Feldman et sa famille ont été pris pour cible parce qu'ils sont juifs. Dans cette banlieue parisienne paisible où ils vivent depuis quinze ans, c'est la première fois qu'ils sont menacés. "Lundi soir, ma fille rentre du lycée, raconte-t-il à "Envoyé spécial". Elle ouvre la porte et elle m'interpelle. On a découvert une croix gammée juste en dessous de la mezouzah."
Sous ce petit morceau de parchemin censé protéger les foyers juifs, le symbole nazi (tracé à l'envers). "Ça m'a glacé le sang, tout de suite. On s'est pris une énorme claque dans la figure, et ça m'a mis K.-O. pendant une bonne heure, le temps de réagir." Prévenue, la police vient aussitôt relever les empreintes.
"On a l'impression d'entendre ce qui s'est passé il y a soixante-dix ans et on se dit : 'Quand est-ce que ça va finir ?'"
Deux jours plus tard, c'est une lettre anonyme qui terrifie toute la famille. Elle est adressée à la fille d'Olivier, 16 ans. Voici ce qu'elle dit : "T'es juive, t'es une sous-race de merde qui sert juste à piller la France, notre France, pas la tienne. (...) 1939 est pas fini, Hitler est pas mort. Il vit dans nos cœurs et toi t'es juste destinée à être comme tes putains d'ancêtres, gazée. (...) Ce soir on ira prier à ta mort." En guise de signature, une croix gammée et "Vive Hitler". La fille d'Olivier est menacée de mort. Elle fond en larmes, ses parents sont effondrés.
"Ça fait mal, parce que moi, dans mon enfance, j'ai été bercé par ces mots-là, se rappelle Olivier. C'est des mots que j'ai entendu raconter par mes grands-parents, qui ont vécu la Shoah, et qui ont vécu ça. On a l'impression d'entendre ce qui s'est passé il y a soixante-dix ans et on se dit : 'Quand est-ce que ça va finir ?'"
La police a pris l'affaire très au sérieux. Une enquête est en cours. Depuis le début des années 2000, on recense en moyenne 500 actes antisémites chaque année.
Extrait de "L'antisémitisme au quotidien", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 25 avril 2019.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.