: Reportage Lutte contre le racisme et les discriminations : au Mémorial de la Shoah, on montre aux élèves "qu'un génocide n'arrive pas tout seul"
Rassemblés dans l'auditorium du Mémorial de la Shoah, mi-janvier à Paris, un groupe de collégiens et lycéens a eu la chance de rencontrer Ginette Kolinka, l'une des dernières rescapées du camp d'Auschitwz-Birkenau encore en vie. "J'ai trouvé que cet échange était bouleversant. C'était une histoire marquante", confie Antoine, 14 ans, élève de 3e.
"On en apprend beaucoup sur les camps de concentration et c'est vraiment important de savoir ça, car après, ça nous permet d'ouvrir les yeux sur ce qui s'est passé dans l'histoire de la France."
Antoine, élève de 3eà franceinfo
Les visages sont graves, concentrés face à celle qui n'a pas voulu évoquer son histoire pendant des années. "Maintenant, j'ai la chance de pouvoir vous parler", leur dit Ginette Kolinka qui parcourt désormais la France pour rencontrer les élèves, pour témoigner, pour ne pas oublier. "Pour ne pas que ça recommence, ajoute la nonagénaire, pour que les gens comprennent qu'on peut vivre ensemble sans avoir la même éducation, sans avoir la même religion, mais simplement se considérer comme des êtres humains, c'est tout."
"Des mécanismes identiques dans tous les génocides"
Afin de mieux sensibiliser les jeunes à l'antisémitisme, au racisme, mais aussi à l'anti-tsiganisme, le gouvernement présente lundi 30 janvier un plan de lutte contre les discriminations liées à l'origine. Et parmi les 80 mesures, figure une visite obligatoire pour chaque élève d'un lieu de mémoire, au moins une fois dans sa scolarité. Il peut aussi s'agir d'une exposition itinérante sur le sujet. Au Mémorial de la Shoah, à Paris, qui accueille jusqu'à 20 groupes par jour, les élèves sont sensibilisés à l'ensemble des génocides du XXe siècle. Celui des Juifs, le génocide des Arméniens après la Première Guerre mondiale, mais aussi celui des Tutsis au Rwanda au début des années 90.
À l'heure où les théories complotistes pullulent sur les réseaux sociaux, les intervenants ont aussi modifié la manière de s'adresser aux jeunes depuis quelques années. Ils ne présentent plus uniquement les faits historiques, mais les décortiquent, comme l'explique Jacques Fredj, le directeur du Mémorial : "On leur montre qu'un génocide n'arrive pas tout seul, qu'il y a des mécanismes identiques dans tous les génocides. Il y a de la propagande, il y a de l'exclusion, il y a des mots... Montrer que ça s'est passé, et que ça peut se repasser à côté de chez nous."
"Ce n'est pas un crime d'extraterrestre, c'est un crime qui a été perpétré par des Européens contre des Européens."
Jérôme Fredj, directeur du Mémorial de la Shoahà franceinfo
Jacques Fredj rappelle que l'antisémitisme n'a pas disparu en France. En 2022, 436 actes contre des Juifs ont été recensés dans le pays dont plus de la moitié concernent des agressions physiques.
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