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"Si la plaque est volée, le défunt est tué une deuxième fois" : un retraité se bat contre le trafic de plaques funéraires de soldats des deux guerres

Les plaques funéraires de soldats tombés pendant les deux Guerres mondiales font l'objet d'un vaste trafic. Avec d'autres bénévoles du Souvenir français, Jean-Pierre Mennessier, ancien militaire de 67 ans, tente d'enrayer ce trafic.
Article rédigé par franceinfo - Adel Beloumri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une plaque à la mémoire d'un ancien combattant, dans un cimetière breton. Photo d'illustration (LAGAIN AURELIE / FRANCE BLEU BREIZH IZEL / RADIO FRANCE)

Son ordinateur ne quitte pas la grande table du salon. La pièce est devenue le bureau de Jean-Pierre Mennessier. Le retraité fouille les sites de revente en ligne : eBay, Leboncoin, les sites d'enchères, tout y passe. Il recherche une de ces plaques funéraires de soldat qui font l'objet d'un vaste trafic. Les collectionneurs se les arrachent. Jean-Pierre Mennessier, lui, fait tout pour sauver la mémoire de ces soldats. Ce retraité de 67 ans vit à Bourseville, dans la Somme. Chargé de mission par le contrôleur général des armées, il passe ses journées à chasser les trafiquants sur internet.  "Ici, on voit une plaque avec une décoration de médaille militaire, une Croix de guerre, décrit-il. Il y a le nom et le prénom de l'ancien combattant, son portrait. On peut lire qu'il est de Custine, donc je vais appeler la commune." Jean-Pierre Mennessier finit par joindre la mairie. "Bonjour, nous avons intercepté une plaque d'un soldat mort pour la France de votre commune." Quelques secondes d'hésitation au bout du fil. "Le mieux serait que vous envoyiez un mail", lui répond-on. 

"C'est souvent comme ça : 'On n'a pas le temps, ça ne nous intéresse pas, ce n'est pas mon problème, ...' C'est triste de voir que la mémoire n'est pas prise au sérieux."

Jean-Pierre Mennessier

à franceinfo

Ces plaques funéraires sont revendues parfois jusqu'à 450 euros. "Si la plaque est volée, le défunt est tué une deuxième fois ... Il est peut-être mort, mais sa mémoire doit vivre", estime Jean-Pierre Mennessier tout en composant un nouveau numéro. "Je vais appeler la gendarmerie pour connaître le suivi de cette plaque." Le retraité passe toutes ses journées au téléphone. Malheureusement cette fois, pas de nouvelles de la plaque en question. "Il y a encore des investigations qui sont faites là-dessus", explique le gendarme au bout du fil. "Le problème, c'est que l'administration est trop lente, regrette Jean-Pierre Mennessier. Le temps que la plainte passe, la plaque peut disparaître ..."

Jean-Pierre Mennessier passe ses journées au téléphone à contacter les communes dont sont issus les soldats dont les plaques ont été volées, ou les gendarmeries pour savoir comment avancent les enquêtes. (ADEL BELOUMRI)

Un réseau de 500 guetteurs

Sa dernière belle prise, c'était en Loire-Atlantique dans le village de Paulx. "On a sauvé vingt plaques qui avaient disparu d'une chapelle en 1990. La gendarmerie a appelé et le commissaire-priseur m'a appelé le soir même en disant : 'On vous les rend, on ne veut pas de dérapage'." Depuis le début sa chasse, commencée pendant le confinement, Jean-Pierre a ainsi retrouvé 185 plaques. Dans son combat, l'ancien militaire ne fait pas cavalier seul puisqu'il a avec lui tout un réseau de guetteurs, "500 personnes environ, tout se passe en message privé."

Grâce au travail d'enquêteur de Jean-Pierre Mennessier, la commune de Fontaines-en-Sologne dans le Loir-et-Cher organise aujourd'hui une cérémonie d'hommage à Edouard Lecomte, un soldat tombé en 1914 dont la plaque avait disparu depuis plusieurs années. Le retraité œuvre pour l'association Le Souvenir français, chargée de garder le souvenir des soldats morts pour la France par l'entretien de tombes et de monuments commémoratifs.

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