100 % des utilisatrices des transports en commun victimes de violences sexistes
Lever le silence sur le harcèlement sexuel dans les transports en commun, telle est l’ambition du rapport rendu ce jeudi par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh). 100 % des utilisatrices de transports en commun ont vécu au moins une situation de harcèlement sexiste ou d’agression sexuelle, révèle ce document, un chiffre frappant. Premières victimes, les jeunes filles : une femme sur deux a subi une première agression dans les transports avant l’âge de 18 ans.
"C’est un comportement , explique une jeune femme rencontrée dans les transports parisiens, les regards insistants , se mettre en face de la personne et la fixer. " Mais les agressions vont parfois plus loin, nous raconte une autre utilisatrice : "On était debout, serrés les uns contre les autre, et j’ai vu un monsieur mettre sa main sur ma cuisse. Je me sentais totalement pétrifiée, bien sûr j’ai essayé de me dégager, mais je me sentais paralysée ."
Sortir de la banalisation des violences
Ces violences quotidiennes ne sont pas assez prises en compte, estime Ernestine Ronai, co-présidente de la commission "violences de genre" au sein du HCEfh.
"Au moins une fois dans notre vie, on a eu affaire à soit des propos désagréables sur notre tenue, soit une agression sexuelle, des mains aux fesses, des mains sur les seins ou autres. Nommer les choses, c’est le premier élément pour sortir de la banalisation."
Former les agents des compagnies de transports en commun
Le rapport, basé sur des "consultations citoyennes" menées en mars auprès de 600 femmes de Seine-Saint-Denis et d’Essonne, liste plusieurs préconisations pour lutter contre le fléau. Une question majeure est la formation des personnels des sociétés de transports en commun à la sécurisation et l'accompagnement des victimes, aujourd'hui insuffisante. Ces sociétés sont tenues, rappelle le texte, à " l’obligation d’offrir des conditions maximales de sécurité aux personnes qu’elles transportent".
Parmi les autres propositions, " établir un plan national d’action", créer un espace Internet institutionnel d’information à destination des victimes, et lancer une campagne de sensibilisation dans les transports, pour informer les témoins potentiels de la gravité du phénomène. Trop souvent, les témoins ne savent pas comment réagir dans cette situation, comme le raconte cette femme d'une cinquantaine d'années.
"Je me suis retrouvée face à un homme en train de se branler dans le RER C, et personne n’a bougé . Il m’a poursuivi dans la gare, et le mec de la RATP n’a rien fait ."
Par ailleurs, une nouvelle campagne du collectif "Stop au harcèlement de rue" détourne les affiches de la RATP pour sensibiliser à cette question.
Au fait, petite suggestion à la @GroupeRATP pour leur campagne #RestonsCivils. Et si on rajoutait un animal ?#stophdr pic.twitter.com/M6SHv42qa2
— StopHarcèlementDeRue (@stophdr) April 14, 2015
En France, six femmes sur dix craignent une agression dans les transports, contre trois hommes sur dix. Le gouvernement a annoncé vouloir prendre rapidement des mesures. Un groupe de travail sur les violences faites aux femmes dans les transports, auquel participent la SNCF et la RATP, doit rendre ses conclusions en juin, a affirmé Pascale Boistard, la secrétaire d'Etat chargée des Droits des femmes.
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