Première mondiale : une greffe de trachée à partir des propres tissus du patient
Sur les sept patients ainsi opérés au cours d'interventions co-réalisées par le Dr Frédéric Kolb, de l'Institut de cancérologie Gustave Roussy, cinq sont vivants et ont repris leur activité normalement. Le plus ancien d'entre eux présente un recul de six ans et la dernière, un recul d'un peu moins d'un an.
Pour réaliser cette opération, les chirurgiens prennent un rectangle de peau, de
tissu sous-cutané et de fascia (le tissu qui recouvre le muscle) qui est transformé en un tube de trois centimètres de diamètre. Et pour maintenir la circulation sanguine, ils réimplantent l'artère et la veine radiale prélevées, sur des vaisseaux du cou du patient.
_ Reste ensuite à maintenir ce tuyau réimplanté ouvert, afin d'éviter que le patient ne s'étouffe car la respiration entraîne un aplatissement du conduit. Les chirurgiens ont pour cela prélevé du cartilage et des côtes qu'ils ont réintroduits entre la graisse sous-cutanée et le derme.
Résultat : "on obtient un tube rigide qui résiste aux pressions de la respiration, et qui est recouvert de peau à l'intérieur, une barrière contre l'infection parfaitement vascularisée", conclut le Pr Philippe Dartevelle.
_ Les patients auto-greffés n'ont donc nul besoin d'un traitement anti-rejet et leur trachée n'a nul besoin de soutien (stents) comme dans certaines tentatives antérieures, nombreuses depuis 50 ans mais jusqu'ici toutes vouées à l'échec.
Réel espoir pour de nombreux cancéreux
Cette technique, une première mondiale, peut s'appliquer aux personnes souffrant d'un cancer de la trachée, ou d'un cancer des organes de voisinage envahissant la trachée, notamment les cancers thyroïdiens. La technique est également applicable aux personnes victimes de grandes destructions de la trachée.
Cette avancée représente donc un réel espoir pour les nombreux malades d'un cancer de la trachée, dont le décès à court terme était jusqu'à présent la seule issue.
_ En France, des dizaines de personnes pourraient être traitées chaque année.
Gilles Halais, avec agences
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