Médiator : 110 plaintes déposées ce matin contre le laboratoire Servier
" On veut savoir pourquoi ce médicament est resté pendant tant d’années alors qu’on nous dit maintenant qu’au mieux il ne faisait rien, qu’au pire il était dangereux, et pourquoi tous les organismes de contrôle ont volé en éclat les uns après les autres
Le dépôt de ces plaintes intervient alors qu’après des jours de silence, le laboratoire s'est dit prêt, pour la première fois hier, à assumer sa responsabilité si elle était engagée. " Si notre responsabilité est engagée ", Servier l'assumera, comme "il l'a toujours fait", a déclaré à nos confrères de RTL Lucy Vincent, la directrice générale chargée des relations extérieures du numéro deux français de l'industrie pharmaceutique. Ce week-end déjà, dans un entretien au JDD, le laboratoire français, jusqu'alors très controversé pour son discours cherchant à dédouaner son médicament, reconnaissait que le Mediator " ait pu présenter un vrai risque pour certains patients ". Mais à ce stade de l’enquête, rien n’établit encore, juridiquement en tous cas, la responsabilité de Servier dans les décès imputés à son médicament. "Les enquêtes commencent aujourd'hui et nous sommes contents d'aller jusqu'au bout de tous les chiffres, de toutes les études et du calendrier des affaires réglementaires, pour qu'on comprenne exactement comment tout s'est passé, pour que l'on voie bien notre très bonne foi dans cette affaire ", a ainsi ajouté Lucy Vincent.
Lucy Vincent qui n’a pas souhaité en revanche commenter l’information selon laquelle une autre association, elle aussi spécialisée dans la défense des patients, avait pris contact avec le laboratoire pour un accord à l'amiable. Dans un entretien publié hier dans Le Parisien, Georges-Alexandre Imbert, de l'Association d'aide aux victimes des accidents de médicaments, affirme en effet avoir entamé des démarches dans ce sens, soulignant que les procédures pénales sont longues et qu'une victoire n'est jamais garantie. Aux victimes, "je leur conseille de ne pas se précipiter dans une action juridique au pénal car il peut se passer dix ans avant un jugement définitif. Et la chance d'avoir une conclusion en leur faveur est loin d'être garantie", explique-t-il au quotidien.
Antidiabétique souvent utilisé comme coupe-faim, le Médiator a été prescrit à quelque 5 millions de Français entre 1976 et novembre 2009, date de son retrait du marché. Accusé d'avoir provoqué de graves problèmes cardiaques, il pourrait être responsable de 500 à 2.000 décès, selon les estimations réalisées pour l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
Cécile Mimaut, avec agences
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