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Le mystère des origines de l'homme de Florès résolu grâce à une dent ?

Depuis plus de 10 ans, la communauté scientifique tente de définir l'origine de ce squelette découvert en Indonésie. Deux études et de nouveaux restes humains pourraient (enfin) mettre les experts d'accord.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le crâne attribué à l'homme de Florès (au centre), présenté le 27 octobre 2004 par le professeur Chris Stringer du National History Museum de Londres (Royaume-Uni). (JIM WATSON / AFP)

Un des lointains cousins de l'homme était une sorte de "hobbit", ces personnages du Seigneur des anneaux, qui vivait sur une île indonésienne. Deux études publiées mercredi 8 juin dans la revue britannique Nature (en anglais) disent avoir découvert l'ancêtre de l'homme de Florès, vieux de 700 000 ans. Et ces nouveaux travaux de recherche pourraient mettre fin à des controverses vieilles de plus de 10 ans sur l'origine de cet hominidé. Explications en trois étapes.

1Un étrange squelette est découvert en 2003

Tout commence en 2003, lorsque des scientifiques mettent au jour les restes d'un humanoïde, baptisé l'homme de Florès (ou Homo floresiensis), dans la grotte de Liang Bua sur l'île éponyme en Indonésie.

La morphologie du squelette, daté d'environ 60 000 ans, intrigue les chercheurs. Selon leurs observations, c'est celui d'un individu mesurant 1 mètre et pesant 25 kilos, doté d'une tête anormalement petite par rapport à son corps, qui abrite un cerveau d'une taille similaire à celui d'un chimpanzé. Ce qui lui a valu le surnom de "hobbit". 

2Des scientifiques s'écharpent sur son origine

Depuis cette découverte, les paléoanthropologues se posent tout un tas de questions : d'où vient cet étrange petit être ? Pourquoi est-il si petit ? Pourquoi ne le trouve-t-on que sur cette île ? Pour certains, l'homme de Florès serait un descendant de l'Homo habilis ou de petits australopithèques venus d'Afrique mais dont aucune trace n'avait encore jamais été découverte sur d'autres continents. 

Pour d'autres, il s'agirait d'un Homo erectus qui aurait progressivement rapetissé pour adapter ses besoins à des ressources peu abondantes. Enfin, une autre hypothèse serait celle d'un Homo sapiens victime de malformations ou de maladie, comme le nanisme, une trisomie ou une microcéphalie, explique Le Monde

3Des preuves d'une filiation avec "l'Homo erectus"

Mercredi 8 juin, Yousuke Kaifu, du Musée national de la nature et des sciences d'Ibaraki (Japon), et son équipe annoncent dans la revue Nature avoir découvert en 2014 de nouveaux fossiles sur l'île de Liang Bua. Leur trésor, qui comprend un fragment de mâchoire et six dents, est doublement fascinant.

Non seulement le fragment de mâchoire provient d'une mandibule plus petite que la plus petite mandibule de l'homme de Florès, mais les fossiles datent d'environ 700 000 ans ! De quoi laisser penser que l'homme de Florès "est une espèce extrêmement ancienne qui a acquis sa petite taille très tôt, peut-être peu de temps après son arrivée sur l'île, il y a environ un million d'années", selon Adam Brumm, de l'université de Wollongong en Australie.

Cette découverte discrédite donc l'hypothèse d'un Homo sapiens malade, celui-ci étant apparu sur Terre bien plus tard. Elle accrédite donc le fait que l'homme de Florès était bel et bien une espèce à part entière. "En outre, l'une des dents retrouvée, une molaire adulte inférieure, présente des caractéristiques qui évoquent une ascendance avec un Homo erectus", précise Adam Brumm. Une dent qui fait donc plutôt pencher la balance vers la théorie d'un descendant de l'Homo erectus, ancêtre de l'homme moderne. Le petit Homo floresiensis partagerait avec Homo sapiens cet ancêtre direct, et serait donc notre cousin.   

Cette hypothèse doit encore être confirmée, selon le chercheur australien, les restes retrouvés étant trop peu nombreux. Mais pour Yousuke Kaifu, il s'agit bien "de preuves supplémentaires d'un nanisme insulaire marqué". L'homme de Florès pourrait donc bien être un pur produit de l'évolution locale : il se serait adapté, au fil des millénaires, à l'environnement de l'île où les ressources alimentaires étaient rares. Florès est ainsi connue pour avoir abrité des espèces naines de plusieurs autres mammifères, notamment d'éléphants.

L'homme de Florès aurait survécu jusqu'à une époque relativement récente (-50 000 ans) avant de s'éteindre peu après l'arrivée de l'homme moderne sur l'île.

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