Commeune majorité d'hôpitaux français, le CHU de Caen est en difficulté financière.Le directeur général de l'établissement hospitalier de Basse-Normandie,Angel Piquemal, a annoncé mardi soir à son personnel "que les banques refusaient deprêter la totalité des 80 millions d'euros de trésorerie, découvert nécessaireau fonctionnement du CHU ". Face à cette situation, il expliquequ'il a été contraint "de suspendre le versement des cotisations patronales et de décalerle paiement des fournisseurs, décalage qui devra être le moins long possible,car nous sommes conscients de l'impact d'une telle mesure sur leur propretrésorerie ". Quant aux salaires des employés du CHU, il assurequ'ils seront payés. Un déficit cumulé de 119 millions d'eurosPlacé sous tutelle de l'Etat en 2009, avec un trou de trésorerie de 37,2millions d'euros, le CHU de Caen était même l'établissement le plus déficitaire deFrance en 2010. Le directeur avait du supprimer 437postes sur deux ans et avait vendu du patrimoine à hauteur de 4 millionsd'euros. Malgré les améliorations, il affiche désormais un déficit cumulé de119 millions d'euros."Le CHU a systématiquementdépensé davantage que les recettes qu'il a perçues. Et c'est au prix d'uneautorisation de découvert qu'il a pu faire face à ses charges courantes"précise le directeur du CHU.Les difficultés de trésorerie des hôpitaux sontnotamment liées aux difficultés de la banque Dexia qui, à elle seule, avait 40%du marché hospitalier. Mais ce groupe franco-belge, en cours de démantèlement,ne peut plus accorder de prêt aux hôpitaux et aux collectivités locales, ettrès peu d'établissements bancaires ont pu la remplacer. Toutefois, le déficit plus prononcé de l'hôpitalde Caen est également en partie lié à son histoire. Construit en 1975, cebâtiment est truffé d'amiante, du sol au plafond. Certains étages, fermés aupublic, ne sont mêmes accessibles qu'en combinaison anti-amiante. Les réparationset les travaux demandent donc plus de technicité et coûtent donc plus cher(+30%). "Il faut que l'Etat éponge comme en Grèce" (un médecin du CHU de Caen)Jacky Rouelle,secrétaire FO (syndicat majoritaire) au CHU de Caen, rapporte que "le personnel usé dans unbâtiment usé se demande s'il va pouvoir continuer à soigner ses patients ". Inquiet, ilajoute, "On peut craindre que les fournisseurs ne nous livrent plus, d'êtreà court de médicaments ". Pour un médecin de l'établissement quise dit "à bout ", et consterné par le fait que "la santé dépende des banques ", il faut "que l'Etat éponge comme en Grèce " pour sauverl'hôpital public. Pour lesyndicat CFTC, interrogé par Ouest France ; "le CHU ne peutrésorber le déficit structurel sans l'aide de l'État. On est arrivé au bout dubout. Le personnel l'a payé assez cher et continue de le payer avec desconditions de travail très difficiles ".De son côté, le député-maire PS de Caen,Philippe Duron, qui préside le conseil de surveillance de l'hôpital, a affirmédans un communiqué que le gouvernement allait apporter "des solutions "pour le CHU "au tout début d'octobre ".