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Un sommet inédit au Brésil sur la "gouvernance du net"

Ce sommet qui s'ouvre ce mercredi pour deux jours à Sao Paulo au Brésil est destiné à redéfinir les contours de la régulation du net, aujourd'hui sous la tutelle implicite des Etats-Unis. Ce rendez-vous baptisé NETmundial a été initié par la présidente brésilienne Dilma Rousseff et intervient après les révélations d'Edward Snowden sur l'étendue de l'espionnage mené par les Etats-Unis.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Ce sont essentiellement des sigles obscurs qui seront au cœur des discussions pendant deux jours au Brésil. IP, IANA, ICANN ou encore DNS. Des sigles autours desquels l'ensemble du web – qui fête cette année ses 25 ans – s'est construit. Mais au-delà de tous ces acronymes, le sommet NETmundial entend réfléchir à la gouvernance du net et à son avenir.

L'initiative de ce rendez-vous inédit est à attribuer à la présidente brésilienne Dilma Rousseff. Ce sommet intervient après les révélations d'Edward Snowden. L'ancien consultant a démontré l'étendue de l'espionnage mené par les Etats-Unis sur internet.

S'affranchir de la mainmise américaine

Et justement, l'enjeu de ce sommet sera de trouver un compromis entre pays victimes de l'espionnage de la NSA américaine (Brésil, Allemagne, Mexique...), États contrôlant accès et contenu internet (Chine, Cuba) et acteurs privés (Google) jalousant leur liberté.

Surtout, les Brésiliens le disent, il faut absolument s'affranchir de la mainmise américaine sur les instances de régulations d'Internet. Car pour le moment, ce sont bien les Etats-Unis qui jouent un rôle majeur dans l'attribution des noms de domaines – à travers l'ICANN  qui délivre les noms de domaine en .com et .gov notamment. Les Américains sont également au cœur des questions d'hébergement de serveurs et de réseaux de connexions.

"Notre critique est liée au fait que l'internet est dépendante des Etats-Unis, les serveurs racine (du DNS pour l'attribution des noms de domaines de sites ou serveurs) sont tous dans l'hémisphère nord (USA-9, Japon-1, Europe-3) ", expliquait récemment le ministre brésilien de la Communication Paulo Bernardo, appelant de ses vœux des solutions dans l'hémisphère sud.

Les États-Unis prêts à lâcher du lest

Les États-Unis ont confirmé qu'ils allaient envoyer une délégation à Sao Paolo. Washington se dit par ailleurs prêt à lâcher du lest. Le gouvernement américain veut bien abandonner son rôle dans la supervision de l'Icann au profit d'une gouvernance mondiale. l'"Internet Corporation for Assigned Names and Numbers" a son siège en Californie et relève à ce titre, en dernière instance, du département du Commerce américain. Une transition est déjà en route et un nouveau statut devrait être adopté en janvier 2015.

Après les révélations d'Edward Snowden, Dilma Rousseff avait ainsi proposé un contrôle multilatéral de l'utilisation d'internet devant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2013.

Lors du sommet NETmundial, un projet de résolution sera soumis aux participants (organisations et gouvernement de 87 pays). Dans ce projet, les organisateurs indiquent que la "gouvernance doit être ouverte, participative, multipartite, technologiquement neutre, sensible aux droits de l'Homme et fondée sur des principes de transparence, de responsabilité".

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