Grippe : top départ de la campagne de vaccination de masse
C'est une expérience inédite que s'apprête à vivre la France : celle du traitement gratuit de toute une population contre un virus. Avec l'intensification de l'épidémie et l'arrivée des stocks de vaccins commandés, de nombreux pays se lancent dans ce type de campagne ou l'accélèrent, comme par exemple la Suède, la Suisse, le Canada ou les Etats-Unis, où l'absence d'un dispositif d'arrêt maladie inquiète la population, qui voit le virus de la grippe A prospérer sur les lieux de travail.
En réalité, cette vaccination de masse contre le virus de la grippe H1N1 sera la seconde vague en France. Elle restera facultative, comme la première. La première concernait les personnels de santé, et elle n'a pas eu le succès escompté. Méfiants face au protocole d'urgence qui a présidé à la mise sur le marché du vaccin, et face au manque de recul sur ses effets secondaires, infirmières, médecins et autres personnels médicaux ont boudé la piqure. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a révélé que 80.000 personnels de Santé se sont fait vacciner, soit seulement 10% des effectifs.
MEFIANCE DES FRANCAIS
Le ministère de la Santé, qui recommande chaudement la vaccination, et fait campagne pour, refuse d'y voir un échec et juge le chiffre “encourageant”. Pourtant, avec cette bouderie, la France fait figure de curiosité mondiale. Dans d'autres pays, les citoyens font la queue devant les centres de vaccination et se renseignent depuis plusieurs semaines, comme en Suède. Pour tenter d'inciter la population à changer d'attitude, Roselyne Bachelot ira se faire vacciner devant les caméras à la mi-journée. Selon un sondage CSA publié cette semaine, 76% des Français ne pensent pas se faire vacciner, tandis que 21% comptent le faire.
Le secret-défense imposé au début sur les clauses avec les laboratoires, les protections judiciaires dont ils bénéficient en cas d'effets secondaires, la tiédeur du corps médical, la polémique sur les adjuvants et le précédent du vaccin contre l'hépatite B qui a provoqué des scléroses en plaques sont sans doute autant d'explications à cette méfiance. Et cette grippe continue à être perçue comme peu virulente : sur 30 morts en France, seuls deux ne présentaient aucune fragilité.
Mais à ce jour, aucun effet secondaire, à part quelques maux de tête ponctuels, ni signe de possibilité d'effets indésirables n'ont été portés à la connaissance des autorités sanitaires, selon les informations communiquées.
ORDRE DE PRIORITE
Au total en France, 1.060 centres de vaccinations seront ouverts et les bons de vaccinations arrivent en ce moment dans les boîtes aux lettres des six millions de personnes considérées comme prioritaires. Ils pourront se rendre munis de ce bon au centre de vaccination indiqué dessus.
Sont d'abord concernés les entourages des bébés de moins de six mois, qui, eux, ne peuvent pas être vaccinés (les proches qui ne figurent pas sur les même cartes vitales que les bébés, et qui donc ne recevront pas de bon nominatif, sont invités à se rendre aussi dans les centres de vaccination). Dans cette première “fournée”, les pouvoirs publics ont inclus les professionnels de la petite enfance et les personnes fragiles, à savoir ceux qui sont atteints de diabète et de problèmes cardiaques ou respiratoires.
Ensuite, les bébés de 6 à 23 mois et les femmes enceintes, à partir du deuxième trimestre de grossesse devront attendre la mise sur le marché du vaccin sans adjuvant développé par Sanofi-Pasteur, qui devrait intervenir dans les prochains jours.
Les enfants en âge scolaire et les adolescents seront concernés à partir du 25 novembre, si les industriels parviennent à fournir les doses de vaccin. Les collégiens et lycéens auront la possibilité de se faire vacciner dans leurs établissements, si leurs parents ont donné leur accord.
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