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Un Emirati dans l’espace, symbole politique

Pour la première fois, les Emirats arabes unis viennent d’envoyer un astronaute vers la station spatiale internationale, à bord d’une mission Soyouz. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Hazza al Mansouri le jour de son départ dans l'espace. (MAXIM SHIPENKOV / POOL)

C’est très révélateur des ambitions de ce pays du Golfe. La mission Soyouz 615 a décollé mercredi 25 septembre du pas de tir Youri Gagarine à Baïkonour. Avec à son bord trois astronautes, un Russe, une Américaine de la Nasa et, pour la première fois donc, un Emirati, Hazza al Mansouri. C’est un événement dans les Emirats arabes unis, cette fédération du golfe Persique, qui regroupe sept cités très riches, notamment Abu Dhabi et Dubaï, 9 millions d’habitants au total.

Hazza al Mansouri a été sélectionné parmi 4 000 candidats. Ce père de famille de 35 ans est un pilote de formation militaire, qui a fait ses armes sur jet américain F16. Passionné d’astronomie, il a étudié aux Etats-Unis, il s’entraine pour cette mission depuis trois ans, et… il ne va passer que huit jours à bord de la station spatiale internationale.

Objectif Mars

C’est très peu mais ça ne diminue en rien l’enthousiasme que cette aventure déclenche dans les Emirats. Les médias le suivent, pas à pas. Et le business va bon train, avec édition de badges, de pins, de tee shirts à son effigie. Un timbre-poste spécial a même été tiré à 150.000 exemplaires, mis en vente ce matin. Enthousiasme parce que c’est la première pierre d’une ambition considérable. Deux autres pays arabes ont déjà envoyé un homme dans l’espace par le passé : l’Arabie Saoudite et la Syrie. Mais ça n’a été suivi d’aucun programme d’envergure.

Il en va très différemment avec les Emirats. Ils ont des projets énormes en la matière, notamment parce que l’émir de Dubaï, Mohamed Ben Rachid Al Maktoum, est passionné par le sujet. Il a même fondé un centre spatial à son nom.

Après avoir testé un satellite, les Emirats veulent envoyer une sonde vers Mars, dès l’an prochain. Il s’agirait d’étudier l’atmosphère de la planète rouge. Mars, c’est le grand objectif des Emirats, précisément une base habitée sur Mars. Une colonie humaine. Et une échéance est déjà fixée : 2117.

Arrières pensées politiques et commerciales

On prête aussi l’ambition aux Emirats de coordonner une future agence spatiale arabe, autrement dit une alliance des principaux pays arabes pour se doter d’une autonomie stratégique : un pas de tir, des lanceurs, des fusées, etc. C’est une Arlésienne au Moyen-Orient, vu les multiples contentieux et conflits entre pays arabes. Mais les Emirats sont décidés et ils ont beaucoup d’argent.

Dubai et Abu Dhabi affichent désormais de façon décomplexée une vraie volonté de puissance. L’émir d’Abu Dhabi, Mohammed Ben Zayed (on le surnomme par ses initiales MBZ) est souvent considéré comme le véritable homme fort du Moyen-Orient. Et il ne s’est pas privé lundi de se faire filmer pendant un échange par vidéo conférence avec l’astronaute Hazza al Mansouri.

Il y a aussi un objectif commercial à court terme : mieux connaitre la technologie des satellites pour développer le wifi à bord du transport aérien classique. Un enjeu économique considérable pour les compagnies aériennes dont le géant des émirats, Emirates Airlines.

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