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En images Espace : ce que montrent les premières prises de vue de la mission Euclid

Partie en juillet, la mission européenne publie mardi cinq premières images. L'occasion de constater que ses instruments fonctionnent parfaitement.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Montage montrant des détails des cinq premières images publiées mardi 7 novembre par la mission européenne Euclid. (ESA / EUCLID / EUCLID CONSORTIUM / NASA, IMAGE PROCESSING BY J.-C. CUILLANDRE (CEA PARIS-SACLAY), G. ANSELMI; CC BY-SA 3.0 IGO)

Tout va bien pour Euclid. Avant de se concentrer pleinement sur son cœur de métier, à savoir l'étude de la matière noire et l'énergie noire, la mission menée par l'Agence spatiale européenne (ESA) a donné de ses nouvelles en publiant de premières images, mardi 7 novembre. Autant de clichés qui prouvent que ses instruments fonctionnent parfaitement.

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Ces photographies "sont encore plus belles et précises que ce que nous pouvions espérer, nous montrant de nombreux détails qui n'avaient pas été vus dans des zones bien connues de notre voisinage", s'enthousiasme dans un communiqué René Laureijs, membre de l'équipe scientifique d'Euclid. Franceinfo vous présente ce que ces images donnent à voir.

L'amas de galaxies de Persée, l'un des plus grands de l'univers

L'amas de galaxies de Persée, qui se trouve très loin de la Terre (à approximativement 250 millions d'années-lumière), "est l'un des plus grands de l'univers", remarque auprès de franceinfo Giuseppe Racca, responsable de projet sur la mission Euclid. "C'est la première fois que l'on peut saisir l'ensemble de cet amas avec une seulement une exposition ", c'est-à-dire une prise de vue, souligne-t-il. Les précédentes images de cet ensemble étaient des assemblages de plusieurs visuels.

L'amas de Persée vu par le téléscope spatial européen Euclid. (ESA / EUCLID / EUCLID CONSORTIUM / NASA, IMAGE PROCESSING BY J.-C. CUILLANDRE (CEA PARIS-SACLAY), G. ANSELMI; CC BY-SA 3.0 IGO)

"Nous pouvons voir sur cette image environ 1 000 galaxies qui appartiennent à l'amas de Persée", commente Giuseppe Racca. Derrière, de nombreuses autres petites galaxies sont visibles. Celles-ci sont beaucoup lointaines, jusqu'à 10 milliards d'années-lumière de la Terre, ajoute-t-il. Au total, les scientifiques de la mission ont dénombré 100 000 petites galaxies sur cette image.

La nébuleuse de la Tête de cheval, plus nette que jamais

Cette nébuleuse se trouve dans notre galaxie, dans la constellation d'Orion, à quelque 1 600 années-lumière de nous. Alors qu'elle est facilement observable et déjà très célèbre, Michael Kahn, du Centre européen des Operations spatiales de l'ESA, dit avoir été touché lorsqu'il a découvert cette image. "Je ne l'ai jamais vue prise de manière aussi nette", remarque-t-il auprès de franceinfo.

La nébuleuse de la Tête de Cheval vue par le téléscope spatial européen Euclid. (ESA/EUCLID/EUCLID CONSORTIUM/NASA, IMAGE PROCESSING BY J.-C. CUILLANDRE (CEA PARIS-SACLAY), G. ANSELMI; CC BY-SA 3.0 IGO)

Dans la masse de gaz et de poussières, une zone particulièrement lumineuse attire l'attention, en bas à gauche de l'image. "Souvent, les nébuleuses sont des gaz qui ont été éjectés par une étoile mourante et vont contribuer à la formation de nouvelles étoiles. Les nébuleuses sont donc des lieux où naissent des étoiles", explique Michael Kahn. Un événement violent survenu sur une étoile envoie des ondes de choc à travers les gaz, résume-t-il. Le cercle lumineux visible sur l'image résulte ainsi de la propagation de ces ondes de choc.

L'amas globulaire NGC 6397, un "cimetière" d'étoiles

Cet amas globulaire se trouve dans notre galaxie, la Voie lactée, à quelque 7 800 années-lumière de la Terre. Il est composé d'environ 400 000 étoiles, d'après l'ESO (l'Observatoire européen austral). L'importance masse de NGC 6397 est formé majoritairement par des centaines de naines blanches, selon des chercheurs du CNRS. Les naines blanches sont, en résumé, des cadavres d'étoiles. Un jour, notre Soleil en deviendra une.

L'amas globulaire NGC 6397 vu par le téléscope spatial européen Euclid. (ESA / EUCLID / EUCLID CONSORTIUM / NASA, IMAGE PROCESSING BY J.-C. CUILLANDRE (CEA PARIS-SACLAY), G. ANSELMI; CC BY-SA 3.0 IGO)

L'image produite par Euclid est nettement plus détaillée que celle du même objet prise, en 2004 et 2005, par le télescope spatial Hubble. Si ce vénérable et incontournable outil a déjà scruté en détail le centre de NGC 6397, observer en profondeur ses environs lui demanderait énormément de temps. Avec Euclid, cela peut être fait en seulement une heure, souligne l'équipe du projet.

La galaxie IC 342, la "galaxie cachée"

La galaxie IC 342 est une galaxie de type spirale, comme la nôtre. Aussi appelée Caldwell 5, IC 342 se situe à proximité de la Voie lactée. Très lumineuse, elle n'est pourtant pas observable depuis la Terre : elle est masquée par la lumière émise par le plan central de notre galaxie et son "bulbe galactique". C'est pourquoi elle est surnommée la "galaxie cachée". Si elle n'était pas placée ainsi, elle serait l'une des plus brillantes du ciel terrien, affirme l'équipe de Hubble.

La galaxie naine 6822 vue par le téléscope spatial européen Euclid. (ESA / EUCLID / EUCLID CONSORTIUM / NASA, IMAGE PROCESSING BY J.-C. CUILLANDRE (CEA PARIS-SACLAY), G. ANSELMI; CC BY-SA 3.0 IGO)

Bien que dissimulée, IC 342 jouit d'une certaine popularité chez les astronomes. Elle a été le sujet de clichés distingués sur le blog de la Nasa en 2013, 2016, 2019 et 2022. Pas étonnant, donc, qu'elle soit un des premiers sujets photographiés par Euclid.

La galaxie naine 6822, voisine de la Voie lactée

NGC 6822, aussi appelée galaxie de Barnard, se trouve à 1,6 million d'années-lumière de la Terre. Décrite comme une galaxie naine et irrégulière, cette voisine galactique de la Voie lactée est caractérisée par une forte activité. Les zones qui apparaissent en violet sur l'image "révèlent des régions de formation d'étoiles actives, où de jeunes étoiles chaudes réchauffent les nuages de gaz voisins", expliquait l'ESO lors d'une précédente publication d'une photo de NGC 6822, en 2009. La galaxie de Barnard a été observée plus récemment : les équipes du télescope spatial James Webb en ont dévoilé une image le 23 septembre dernier, et une autre en août

La galaxie naine 6822 vue par le téléscope spatial européen Euclid. (ESA / EUCLID / EUCLID CONSORTIUM / NASA, IMAGE PROCESSING BY J.-C. CUILLANDRE (CEA PARIS-SACLAY), G. ANSELMI; CC BY-SA 3.0 IGO)

La spécificité du télescope James Webb réside dans le fait de pouvoir pointer ses instruments dans une zone très précise du ciel et d'y voir très loin. De son côté, Euclid excelle dans le fait de balayer le ciel de façon très large.

Ces visuels transmis par Euclid sont des raretés. Il ne faut pas malheureusement pas s'habituer à admirer des images de cette mission, car son objectif premier n'est pas d'en produire. En effet, les objets d'étude d'Euclid – les galaxies lointaines en cours de déformation – ne sont en général guère esthétiques, reconnaît Giuseppe Racca. Le plus important à retenir de ces premières images est que les instruments d'Euclid fonctionnent très bien, et qu'ils vont donc peut-être permettre de bouleverser la cosmologie. "Maintenant, nous sommes prêts à observer des milliards de galaxies et étudier leur évolution au cours du temps cosmique", s'enthousiasme René Laureijs, membre de l'équipe scientifique d'Euclid.

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