Décollage reporté de la capsule SpaceX : "Il y a des impératifs à respecter pour un lancement, surtout avec des humains à bord"
Le lancement devait avoir lieu demain mais une tempête risque de perturber la trajectoire de la capsule.
"Il y a des impératifs à respecter pour un lancement, surtout avec des humains à bord", explique Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine Ciel & Espace à propos du décollage de la capsule SpaceX reporté à mercredi. Le lancement devait avoir lieu dimanche 30 octobre, mais une tempête de vents puissants risque de perturber la trajectoire de la capsule, annonce la Nasa dans un communiqué. Quatre astronautes (Raja Chari, Tom Marshbun, Kayla Barron et Matthias Maurer) doivent rejoindre la Station spatiale internationale pour y réaliser une mission scientifique. Ils vont vivre dans l'ISS seulement quelques jours avec Thomas Pesquet, Shane Kimbrough, Megan McArthur et Akihiko Hoshide qui reviendront sur Terre au début du mois de novembre.
franceinfo : La météo, c'est un aléa classique pour ce type d'opération ?
Philippe Henarejos : Oui, il y a des impératifs à respecter pour un lancement et surtout pour un lancement avec des humains à bord. Là, en l'occurrence, il s'agit de vents d'altitude très rapides qui peuvent poser problème à la fusée lorsqu'elle traversera ces couches nuageuses. Et même si cela se passe en Floride, nous sommes presqu'en novembre et donc la météo est plus capricieuse à cette saison.
Comment se déroule ce type de décollage ?
C'est jamais simple mais on a un sentiment de simplicité avec SpaceX. Quand on regarde les astronautes à l'intérieur, ils ne manipulent pas grand chose, tout a l'air assez épuré. La technologie des lancements est maîtrisée puisqu'elle existe depuis des décennies. Il faut atteindre la vitesse d'environ 28 000 kilomètres à l'heure pour se satelliser en orbite basse autour de la Terre. En général, ça prend entre 8 et 9 minutes. Pour rejoindre l'ISS, la station spatiale internationale, il faut lancer à la bonne heure pour que les opérations de rendez-vous en orbite soient facilitées. En gros, on part au moment où on va croiser la station spatiale pour dépenser le moins de carburant possible et passer le moins de temps en transfert.
Pourquoi SpaceX, entreprise privée, est devenue l'opérateur officiel de la Nasa, administration publique ?
SpaceX n'est pas qu'un sous-traitant de la Nasa. Elon Musk, son célèbre PDG, a d'abord voulu faire, en quelque sorte, une agence spatiale privée, plus qu'une entreprise. C'est-à-dire qu'il a une vision : il développe des vaisseaux, il développe des lanceurs pour l'exploration de l'espace et plus précisément pour l'exploration de Mars. Ces nouveaux vaisseaux, la Nasa n'a plus, en quelque sorte, qu'à les louer au lieu de devoir les construire.
Les Etats-Unis n'ont plus les moyens de financer ces vaisseaux ?
La Nasa a les moyens. Mais il faut reconnaître que ce qui a été un avantage de la Nasa pour aller sur la Lune dans les années 1960 : son administration et sa bureaucratie, aujourd'hui c'est un peu le boulet qu'elle traîne. On le voit notamment avec le développement chaotique de la super fusée lunaire qui devrait démarrer en février prochain, qui a beaucoup de retard et dont les coûts ont explosé. Or avec SpaceX, il y a là une solution qui existe, qui est facile, il n'y a plus qu'à sortir le chéquier, et c'est ce que la Nasa fait.
Qu'est-ce que cela apporte à l'Homme de continuer à aller dans l'espace ?
Il faut savoir quel est le but poursuivi par la présence de l'Homme dans l'espace. Si c'est l'exploration - aller sur la Lune, aller sur Mars - et bien il faut continuer à y aller pour continuer à apprendre. L'espace est un environnement hostile et pour s'y familiariser il faut continuer à développer des systèmes pour continuer ces explorations qui servent la connaissance et nous tous. Si c'est aller dans l'espace juste pour aller dans l'espace, on voit bien qu'on tourne un peu en rond.
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