"C'est génial d'être là" : comment les deux astronautes du Starliner, qui attendent leur vol retour sur la Terre, s'occupent à bord de l'ISS
La date de leur retour demeure inconnue. Les astronautes américains Suni Williams et Butch Wilmore participent au premier voyage habité de la capsule Starliner du constructeur américain Boeing, engin qui doit jouer les taxis entre la Terre et la Station spatiale internationale (ISS). Arrivés à bord le 6 juin, Suni Williams et Butch Wilmore ne devaient y séjourner que huit jours avant de revenir au sol, selon la feuille de route initiale. Sauf que leur trajet retour a été reporté à plusieurs reprises en raison de problèmes affectant le Starliner. En cause : les propulseurs et des fuites d'hélium.
Suni Williams et Butch Wilmore reviendront sur Terre "dans les semaines à venir", s'est contenté d'écrire Boeing dans un communiqué, le 18 juillet. Un flou maintenu lors d'une conférence de presse commune de la Nasa et de Boeing, jeudi 25 juillet. "Nous n'avons pas d'annonce majeure relative à une date de retour. Nous faisons de grands progrès mais nous ne sommes pas encore tout à fait prêts à faire cela", a déclaré Steve Stich, un responsable de la Nasa (vers 2'20'' dans cette vidéo).
Rester à bord pour analyser les données
Malgré ces contretemps, les deux astronautes se montrent optimistes. "J'ai le très bon pressentiment que le vaisseau spatial nous ramènera à la maison, sans problème", a déclaré Suni Williams lors d'une conférence de presse depuis l'ISS, le 10 juillet (vers 13'30'' dans la vidéo ci-dessous).
Selon la Nasa et Boeing, Starliner fonctionne normalement en étant connecté à l'ISS. Surtout, les deux organisations martèlent que Suni Williams et Butch Wilmore ne sont pas "bloqués" à bord de la station et que la capsule de Boeing est en mesure de ramener sur Terre les astronautes en cas d'urgence. Mais, pour l'instant, les équipes préfèrent la garder auprès de l'ISS afin de mener des analyses approfondies des données.
"Ce mantra que vous avez entendu – 'l'échec n'est pas une option' –, c'est ce pourquoi nous restons là maintenant, a insisté le commandant Butch Wilmore. C'est le monde des tests. C'est un secteur difficile. Tous les vaisseaux spatiaux ont connu de multiples problèmes. C'est la nature même de notre travail." "Il s'agit d'un vol d'essai : nous nous attendions à trouver certaines choses, a abondé Suni Williams. Nous trouvons des choses, nous les corrigeons et apportons des modifications, effectuons des mises à jour avec notre équipe de contrôle."
Des habitués de l'ISS
Starliner est bien accroché à l'ISS. Et lorsque le duo se trouve à bord de la capsule pour travailler avec ses collègues au sol, les lumières de leurs lampes de poche sont visibles par le hublot, comme l'a capturé l'astronaute Matthew Dominick depuis l'ISS (les lueurs vertes visibles plus bas sont des aurores boréales).
Les astronautes, optimistes, se disent "ravis" de passer plus de temps que prévu à bord de l'ISS. Suni Williams a déjà réalisé deux séjours dans la station, en 2007 et 2012. Avant de s'y rendre avec Starliner, elle comptabilisait déjà 322 jours dans l'espace et un peu plus de 50 heures de sorties extravéhiculaires, d'après le décompte de la Nasa. Butch Wilmore, lui, a séjourné dans la station en 2009 et 2014. Avant ce séjour prolongé, il comptait 178 jours dans l'espace et un peu plus de 25 heures de sorties extravéhiculaires, toujours selon l'agence spatiale américaine.
"Butch et moi avons été ici par le passé, et c'est comme si nous retrouvions notre maison. Cela fait du bien de flotter, d'être dans l'espace et de travailler avec l'équipe de l'ISS. C'est génial d'être là."
Sunita Williams, astronaute américaine participant au vol test du Starlinerlors d'une conférence de presse depuis l'ISS
Suni Williams et Butch Wilmore joignent leurs forces à l'équipe sur place et, comme tous les membres à bord de l'ISS, participent à différentes tâches. Ils ont rangé un module utilisé pour stocker du ravitaillement, des pièces détachées ou encore des déchets, détaille la Nasa.
Ils ont également mis la main à la pâte pour charger le cargo Cygnus, qui a quitté la station mi-juillet, avant de se désintégrer en rentrant dans l'atmosphère terrestre alors qu'il était plein de détritus et d'éléments qui n'avaient plus rien à faire à bord de l'ISS.
Plomberie et manipulations scientifiques
Ils ont aussi pris part à la maintenance, aidant à vérifier le "Fluid Systems Servicer", le système "qui draine, purge et fait circuler les fluides sur les systèmes à bord de l'ISS", a expliqué la Nasa le 12 juillet. Butch Wilmore, toujours selon le récit de l'agence spatiale américaine, a entretenu "deux congélateurs de recherche qui préservent les échantillons scientifiques", tandis que Suni Williams "a installé du matériel pour une expérience qui explore les systèmes de rentrée atmosphérique et de protection thermique".
Quelques jours plus tard, Suni Williams s'est intéressée à la culture de végétaux en microgravité. D'après la Nasa, elle s'est penchée sur "l'utilisation de techniques de physique des fluides telles que la tension superficielle, ainsi que la culture hydroponique et la circulation de l'air, pour surmonter le manque de gravité lors de l'arrosage et de l'alimentation des plantes cultivées dans l'espace".
Sur le volet scientifique, Suni Williams et Butch Wilmore ont également manipulé un appareil appelé Ultrasound 2. Après avoir inspecté à tour de rôle les veines du cou, des épaules et des jambes, Butch Wilmore a scanné les veines de Matthew Dominick, "aidant les chercheurs à comprendre comment la microgravité affecte le corps humain".
Un retour sur Terre mi-août ?
Combien de temps peut encore durer cette longue colocation imprévue ? La Nasa assure disposer de quantités suffisantes de vivres à bord de l'ISS (Starliner était chargé de matériel et de denrées). Pour autant, il n'est pas question de laisser Suni Williams et Butch Wilmore dans la station pendant plusieurs mois.
Steve Stich a évoqué, lors d'un point presse, le 10 juillet, une habituelle rotation des équipes au sein de l'ISS vers le milieu du mois d'août. Si le laboratoire qui orbite au-dessus de nos têtes, à 400 km d'altitude, est plutôt libre en ce moment, il risque de se remplir le mois prochain. "Evidemment, quelques jours avant l'opportunité de ce lancement, nous aurons besoin de ramener à la maison Butch [Wilmore] et Suni [Williams] avec le Starliner", a-t-il relevé. Si la Nasa a reconnu jeudi qu'elle "disposait toujours d'options de secours", l'agence spatiale a répété que l'objectif était bien de ramener le binôme en toute sécurité avec l'appareil de Boeing.
Après cette priorité fondamentale se pose la question des difficultés pour le constructeur américain. Déjà empêtré depuis de longs mois dans de très sérieux problèmes avec ses avions civils, Boeing doit désormais redresser la barre, redorer son image, gagner la confiance de potentiels clients et faire, au final, certifier Starliner pour de futurs vols.
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