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Après un an dans l'espace, qu'est-ce qui attend l'astronaute Scott Kelly ?

Il a passé 340 jours consécutifs dans la Station spatiale internationale pour étudier les effets de la microgravité sur le corps et le cerveau humain. Et son corps n'a pas fini d'être étudié.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'astronaute américain Scott Kelly, à son atterrissage au Kazakhstan, le 2 mars 2016. (KIRILL KUDRYAVTCEV / RIA NOVOSTI / AFP)

Trois astronautes de la Station spatiale internationale (ISS) sont revenus sur Terre. Accompagné des Russes Mikhaïl Kornienko et Sergueï Volkov, le commandant américain Scott Kelly a retrouvé la terre ferme et la pesanteur dans les steppes du Kazakhstan, mercredi 2 mars, après 340 jours dans l'espace. Mais l'expérience est loin d'être terminée pour lui. Les données collectées tout au long de cette année à bord de l'ISS doivent encore être complétées et analysées, afin de mieux comprendre les effets de la gravité zéro sur le corps humain lors de longs voyages spatiaux. Objectif ultime : Mars ! 

Francetv info vous explique ce qui attend en particulier l'Américain Scott Kelly, mais aussi son frère Mark, astronaute retraité, resté sur Terre.

Des tests, encore des tests

Non, Scott Kelly n'a pas passé un an à jongler avec des fruits et à photographier notre planète depuis son hublot, contrairement à ce que laisse penser son – très beau – fil Instagram.

Scott Kelly jongle avec les fruits frais livrés par une navette cargo, le 25 août 2015, dans la Station spatiale internationale. (NASA / REUTERS)

Sa mission s'appelle "Year in space", mais elle dure en fait trois ans, selon la Nasa (en anglais). Elle a commencé un an avant son départ. Des échantillons de fluides corporels (sang, salive, urine, selles…) ont été prélevés. Et Scott Kelly devra encore se soumettre à ces analyses pendant au moins une année après son retour sur Terre. Dans l'espace, l'astronaute a dû se charger lui-même de recueillir ces échantillons, régulièrement. Il en va de même pour toute une batterie de tests et d'examens médicaux, destinés à étudier les effets à long terme de la microgravité sur l'organisme humain.

Tout en poursuivant ces tests post-atterrissage, les chercheurs devront aussi analyser les données récoltées pendant son séjour dans l'espace. Ils veulent connaître précisément à quel point la gravité zéro atrophie les muscles et fragilise les os, nettement moins sollicités que sur Terre. La salive, l'urine et les selles prélevées peuvent les aider à comprendre l'effet d'un long séjour dans l'espace sur les bactéries qui vivent dans l'organisme humain, notamment le système digestif. La pression intra-crânienne, qui peut altérer la vision et modifier le fonctionnement du cerveau des astronautes, est également étudiée. Et l'astronaute n'échappera pas aux tests psychologiques, après 340 jours passés "dans un espace isolé et réduit".

"Ces connaissances sont capitales pour la Nasa, qui cherche à envoyer l'humain toujours plus loin dans le système solaire", explique l'agence spatiale américaine. En effet, le voyage vers Mars pourrait durer "500 jours ou plus", il devra donc se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Ce serait dommage d'arriver fatigué et déprimé sur une nouvelle planète. 

Des comparaisons avec son jumeau Mark

"Tu vieillis moins vite que ton frère, mais tu es moins musclé que lui." Les comparaisons systématiques agacent probablement tous les jumeaux et jumelles sur Terre, mais chez les Kelly, c'est pour la science. Au cœur de la mission de l'astronaute, la "Twins Study" consiste à réaliser les mêmes tests sur Scott et son jumeau, Mark, astronaute retraité. Une bénédiction pour la Nasa, qui a ainsi trouvé les cobayes parfaits pour comparer les changements qui se produisent dans l'espace avec ceux qui se produisent naturellement sur Terre, chez deux individus au patrimoine génétique identique (heureusement, pour les distinguer, il y a la moustache de Mark).

Mark Kelly (à gauche) et Scott Kelly (à droite), le 19 janvier 2015. (ROBERT MARKOWITZ / JSC / NASA)

En effet, la Nasa s'intéresse à l'effet des rayons cosmiques, des particules qui circulent dans l'espace, sur les télomères, portions d'ADN qui se trouvent à l'extrémité des chromosomes, comme des embouts pour éviter qu'ils se détricotent. Ajoutés aux autres effets de la vie dans l'ISS, ces rayons cosmiques pourraient accélérer le vieillissement du corps, voire le rendre plus vulnérable au cancer, explique Quartz (en anglais).

Conséquence : comme l'écrit le site d'information, "Scott Kelly va rentrer à la fois plus vieux et plus jeune que son frère jumeau". Plus vieux parce que son corps aura été davantage exposé à ces rayons cosmiques. Plus jeune parce que le temps passe un tout petit peu moins vite dans l'ISS, selon la théorie de la relativité d'Einstein (comme dans le film Interstellar).

Un programme de remise en forme

Certains effets de la microgravité durent bien au-delà du retour sur Terre, en particulier l'atrophie des muscles et du squelette, malgré les exercices physiques quotidiens (à l'aide d'élastiques plutôt que d'haltères). Scott Kelly va donc devoir encore faire du sport. Pas question pour autant de partir tout seul faire son jogging dans les bois. Ces efforts-là aussi seront mesurés, pour étudier comment le corps humain parvient à se remettre d'un tel voyage. Des recherches qui serviront aussi à aider les patients restés longtemps alités.

Scott Kelly est accueilli sur Terre à son retour de la Station spatiale internationale (ISS), au Kazakhstan, le 2 mars 2016. (KIRILL KUDRYAVTSEV / POOL / AFP)

Côté alimentation, il ne boira plus le produit du recyclage de sa sueur et de son urine (730 litres au total), comme c'était le cas dans l'ISS. Fini aussi les poches de nutrition conçues pour apporter le strict nécessaire au bon fonctionnement de l'organisme. Scott Kelly pourra même manger des hamburgers, mais pas tout de suite. Pendant les tout premiers examens médicaux pratiqués à son atterrissage, Scott Kelly a d'ailleurs certainement grignoté "des fruits ou du concombre", plutôt qu'un gros burger, comme il l'expliquait lors d'une session de questions-réponses sur le site Reddit (en anglais), pour éviter de bouleverser son transit intestinal.

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